Pollution au chlordécone : une réunion planifiée au ministère des Outre-mer
Présente au Sénat pour échanger avec les parlementaires, la ministre de la Santé a assuré à Maurice Antiste, sénateur de Martinique, qu'une réunion sur le chlordécone (voir encadré), "avec l'ensemble des élus de la Martinique et de la Guadeloupe et les différents ministères concernés", aura lieu "très prochainement au ministère des Outre-mer afin de faire la transparence sur ce sujet et de décider ensemble de la stratégie à mettre en place".
Le sénateur l'avait interrogée sur l'augmentation des seuils de chlordécone autorisés par l'Union européenne dans les produits alimentaires, expliquant qu'il était "impératif d'avancer sur le sujet et de réduire l'exposition des Antilles". Il a notamment rappelé que la Martinique détenait "le triste record mondial de cancer de la prostate", dont le lien avec l'exposition au chlordécone a été prouvé par des études.
Voir également : Insecticides : la population antillaise surexposée au chlordécone
Dans sa réponse à Maurice Antiste, Agnès Buzyn a rappelé que le dossier scientifique continuait à s'étoffer, avec notamment un recueil de données épidémiologiques sur les femmes enceintes et les enfants, qui "vont permettre de mieux identifier les effets à long terme".
Début février, elle avait annoncé qu'une nouvelle cartographie des sols pollués serait présentée en 2018.
Une limite maximale de résidus sûre pour les consommateurs ?
Le chlordécone a été utilisé aux Antilles de 1972 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier. Il est depuis présent dans les sols et peut se retrouver notamment dans certaines denrées d’origine végétale ou animale.
Le pesticide est revenu au coeur de l'actualité aux Antilles après que l'Agence nationale de la sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a considéré en décembre que les limites maximales de résidus (LMR, limites autorisées dans les aliments) en vigueur dans la viande carnée apparaissaient "protectrices" et qu'il n'y avait pas nécessité à les réduire.
Dans un courrier à la ministre de la Santé du 23 janvier, un syndicat de personnels de l'Agence régionale de Santé en Martinique a dénoncé des "pressions" subies par des agents "pour limiter l'information du public au strict minimum", affirmant qu'ils "n'ont eu de cesse d'alerter depuis 2015 sur les conséquences d'un éventuel maintien des LRM à un niveau aussi élevé".
Au Sénat, Agnès Buzyn a précisé que le gouvernement avait "sollicité la commission européenne afin de clarifier la directive sur les seuils de chlordécone autorisés dans les produits alimentaires".
avec AFP
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