Cet article date de plus de six ans.

Exploitation de l’uranium au Niger : "Nous avons hérité de la pollution durable"

L’ONG Aghir In'man se bat depuis 2002 pour faire connaitre l'impact des activités d'extraction de l'uranium au Niger. Son fondateur et président, Almoustapha Alhacen, reçoit cette semaine un prix international pour son action.

Article rédigé par Anne-Laure Barral, franceinfo - Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Almoustapha Alhacen, fondateur et président de l'ONG Aghir In'man ("bouclier humain" en langue touareg) et Bruno Chareyron, directeur de la Commission pour la recherche et l’information indépendante sur la radioactivité (CRIIRAD), sur le plateau de franceinfo, le 18 septembre 2017. (RADIO FRANCE)

Environ 30% de l'uranium extrait par Areva provient du Niger. Mais à quel prix ? Lauréat du prix international Nuclear Free Future Award 2017 (dans la catégorie Résistance), Almoustapha Alhacen mène un combat depuis 2002 pour la reconnaissance des conséquences environnementales et sanitaires de l'exploitation des mines d’Arlit.

Fondateur et président de l’ONG Aghir In'man, il reproche aux filiales d’Areva, qui exploitent ces mines depuis les années 70 dans le nord du pays, un manque de transparence sur l’impact de leurs activités sur les populations locales. "Nous avons constaté un certain nombre de maladies à Arlit et dans les campagnes environnantes. Ces maladies, qui touchent les personnes mais aussi les animaux, sont inhabituelles dans cette zone", explique-t-il. "Quarante ans après le début de l’exploitation, Arlit ressemble à des ruines et il y a des millions de résidus exposés à l’air libre, à moins de 5 kilomètres de la ville à vol d’oiseau, dénonce Almoustapha Alhacen. Nous avons hérité de la pollution durable et cette pollution, malheureusement, elle est là." 

Une exposition "permanente" à la radioactivité

Depuis 2010, l’entreprise Areva a lancé sur place des observatoires de la santé et n’a constaté aucune victime. Un dispensaire a également été mis en place pour les habitants, ainsi qu’un plan de mesure de la contamination d’Arlit. Mais l’inquiétude demeure dans cette ville de 140 000 habitants où les populations sont "exposées de manière chronique depuis l’enfance", affirme Bruno Chareyron, directeur de la Commission pour la recherche et l’information indépendante sur la radioactivité (Criirad).

L’organisme indépendant a conduit une mission sur place en 2003 et continue depuis la surveillance. "On a constaté une exposition permanente de la population à la radioactivité par les poussières radioactives, par le gaz radon, par des textiles contaminés qui sont en vente sur les marchés. Il y a des matériaux radioactifs dans les rues. Certaines maisons ont même été construites avec des matériaux radioactifs", rapporte Bruno Chareyron. 

Si les quantités de radioactivité mesurées dans la région par la Criirad sont qualifiées de "très faibles doses", elles n’en restent pas moins inquiétantes. "A long terme, à force de cumuler cette exposition, vont apparaître un certain nombre de pathologies diverses, et pas forcément que cancéreuse", prévient le président de la Criirad. Un message d'alerte qu'Almoustapha Alhacen aimerait faire entendre aux autorités locales et à Areva. Pour l'heure, "c’est silence totale sur la radioactivité", déplore le président d’Aghirin’Man qui continue son combat de sensibilisation. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.