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Cinq choses à faire (ou pas) si vous vivez avec un hypocondriaque

Alors qu'une étude publiée dimanche affirme que 13% des Français sont hypocondriaques, francetv info liste les conseils à suivre lorsqu'un de vos proches est concerné.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Craindre en permanence d'être malade peut vite devenir cauchemardesque pour les hypocondriaques, mais également pour leurs proches. (PETER DAZELEY / PHOTOGRAPHER'S CHOICE / GETTY IMAGES)

Votre conjoint(e) craint d'avoir une tumeur du cerveau au moindre mal de crâne ? D'avoir contracté une pneumonie s'il est un peu essoufflé ? Il n'est pas seul. D'après une étude Ifop-Capital image publiée dimanche 23 février, 13% des Français craignent d’être atteints par une maladie ou d’en développer une, même en l'absence de tout symptôme. Une situation qui peut devenir cauchemardesque pour ces hypocondriaques, mais également pour leurs proches. 

Pour savoir quelle attitude adopter face à un parent ou un ami livré à une anxiété chronique, francetv info a interrogé deux spécialistes de l'hypocondrie : Michèle Declerck, psychologue et auteure du Principe de précaution, ou comment rater sa vie en essayant de la sauver (L'Harmattan, 2014), et le professeur Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie à l'hôpital Bichat, à Paris, et auteur de Réveillez vos désirs (Plon, 2014). Ils passent en revue les différentes réponses possibles et leurs conséquences plus ou moins heureuses.

1L'emmener chez un médecin pour le tranquilliser ?

Traîner un hypocondriaque chez le médecin pour lui faire comprendre que tout va bien semble la solution la plus logique. Mais cette méthode est pourtant loin d'être la plus efficace. "Le propre de l'hypocondriaque est de ne jamais être rassuré", explique Michèle Declerck, pour qui cette démarche risque en outre d'accréditer sa position.

Votre ami ou parent aura donc tendance à ne pas croire le praticien, et peut même penser que si celui-ci n'a rien vu, c'est que sa maladie est difficile à diagnostiquer. Et, forcément, encore plus grave que ce qu'il imaginait initialement. 

2Lui expliquer le ridicule de sa situation ?

Face à un proche en bonne santé physique, mais qui se croit en permanence en proie à la maladie, la tentation d'une explication un peu brusque peut être grande. "C'est pourtant la pire des solutions, explique la psychologue. L'hypocondriaque va se braquer, se sentir lâché et incompris, ce qui ne peut que favoriser son anxiété."

N'imaginez pas non plus qu'abandonner votre ami ou conjoint à son sort puisse avoir l'effet d'un électrochoc. "C'est comme si on ordonnait à un diabétique de baisser sa glycémie", juge le professeur Lejoyeux, pour qui ce type de méthode ne peut qu'accroître la souffrance psychologique de la personne concernée. Pour le spécialiste, "ce n'est pas parce que l'hypocondrie n'est pas une maladie du corps que ceux qui en souffrent doivent concentrer les sarcasmes de leur entourage".

3Chercher avec lui des infos rassurantes sur internet ?

Fermez vite ce navigateur ! Parcourir forums et sites spécialisés avec un hypocondriaque est un bien plus mauvais conseil que de l'emmener chez son médecin de famille. "Sur le web, les hypocondriaques vont chercher toutes les explications possibles à leurs symptômes, et se tourner systématiquement vers la plus terrifiante", prévient Michèle Declerck, pour qui "le premier service à leur rendre, c'est justement de les tenir loin d'internet".

4Essayer de lui changer les idées ?

C'est la solution qui a les faveurs du professeur Lejoyeux. "Les personnes sujettes à l'hypocondrie détournent leurs notions de plaisir et de désir vers le médical, explique-t-il. Lorsque j'en reçois un en consultation, je lui fais identifier la voix qui lui répète en permanence qu'il est malade comme celle d'un saboteur venu de l'intérieur, et à qui il ne faut plus prêter attention."

Afin que les hypocondriaques puissent "réinvestir leur quotidien", il est essentiel de leur trouver d'autres centres d'intérêt que la maladie. "Cela passe par des petits exercices simples qui permettent de se réapproprier la notion de plaisir. On peut par exemple prendre des cours de danse pour se sentir mieux dans son corps, ou encore s'offrir un cadeau qui ne soit pas médical. Tout cela permet de retrouver des sensations positives, et de réapprendre l'idée de la bonne santé."

5Lui faire consulter un psychologue ?

Pour Michèle Declerck, la clé de la guérison passe par le dialogue. "C'est difficile à dire, surtout à un proche, mais il faut faire comprendre à l'hypocondriaque que s'il est bien malade, sa maladie n'est pas physique. S'il arrive à admettre qu'une bonne partie de sa souffrance provient de son anxiété, il a déjà fait la moitié du travail."

Le reste peut se régler à l'aide d'un psychologue, juge la spécialiste, qui recommande les thérapies à médiation corporelle, comme la sophrologie. "Cela permet au malade de ressentir le rapport étroit entre le corps et l'esprit, et de mieux comprendre comment, à partir d'une douleur bénigne, il a pu mettre en place un véritable circuit hypocondriaque."

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