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Double mastectomie pratiquée par un robot : "Le bénéfice esthétique ne fait aucun doute"

Francetv info a interrogé le chirurgien Benjamin Sarfati, qui a effectué deux ablations du sein avec un robot, suivies d'une reconstruction mammaire immédiate, à l'Institut Gustave-Roussy à Villejuif (Val-de-Marne). 

Article rédigé par Julie Rasplus - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des chirurgiens effectuent une mastectomie, le 28 octobre 2015, dans un hôpital de Tunis (Tunisie).  (BURGER / PHANIE / AFP)

Devant la caméra de France 2, Anne Ricou dit ne pas regretter un seul instant son choix. Le 1er décembre 2015, en une opération, la femme de 39 ans a subi une double mastectomie préventive, immédiatement suivie d'une reconstruction mammaire.

La patiente fait partie d'un protocole unique mené à l'Institut Gustave-Roussy de Villejuif (Val-de-Marne). L'intervention a été rendue possible grâce à un robot chirurgical, le Da Vinci Xi, et une nouvelle méthode développée par le docteur Benjamin Sarfati. Nous avons interrogé ce chirurgien plasticien.

Francetv info : L'hôpital Gustave-Roussy est-il le premier à opérer avec ce robot ? 

Benjamin Sarfati : Non car le robot Da Vinci est déjà utilisé en chirurgie neurologique ou en ORL. Mais il n'avait pas le marquage CE pour qu'on puisse l'utiliser sur le sein. Il a donc fallu demander l'autorisation des autorités de santé. J'ai fait la demande en mai 2015 et j'ai reçu une réponse positive de l'Agence nationale du médicament (ANSM) en novembre, dans le cadre d'un protocole concernant 35 patientes. Deux d'entre elles ont été opérées le 1er et le 15 décembre. L'une a subi une double mastectomie avec le robot ; l'autre a eu une mastectomie classique d'un côté, avec le robot de l'autre. Toutes les deux sont contentes du résultat. 

En quoi consiste l'opération ? 

Durant l'intervention, on se sert de trois bras articulés du robot, dont la caméra. On fait trois petites incisions sur le côté, sous l'aisselle de la patiente, afin de les faire entrer dans le sein. On insuffle alors de l'air qui décolle la peau de la glande mammaire, puis on effectue toute la dissection. Pour retirer la glande, on la décolle du muscle pectoral et on relie les deux premières incisions pour permettre sa sortie. On remet ensuite une prothèse pour la reconstruction. 

Quel est le résultat ? 

Avec cette technique, les deux patientes ont une cicatrice de cinq centimètres environ, au lieu de 15-20 cm sous le sein pour une opération plus classique. Quand la patiente est debout, on ne voit rien. Le bénéfice esthétique ne fait aucun doute. Mais on espère aussi que cette méthode réduise les risques d'infection, car la cicatrice ne touche plus directement la prothèse. Dans la version classique, avec incision sous le sein, ce point peut entraîner des complications postopératoires. On en saura plus à la fin du protocole. Si on conclut à un bénéfice convaincant, la technique pourra être étendue à d'autres centres, voire à d'autres pays. 

Toutes les femmes peuvent-elles avoir recours à cette intervention ? 

Cette technique s'adresse aux patientes qui ont une mutation génétique faisant craindre un risque accru de développer un cancer du sein –comme l'actrice Angelina Jolie– ou à des femmes présentant une petite tumeur à distance de l'aréole et du mamelon. C'est l'oncologue qui oriente les patientes. 

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