Dépister le cancer du poumon par une prise de sang ?
Stefano Caminiti est un ancien gros fumeur. Ce peintre en bâtiment, âgé de 66 ans, est aujourd’hui atteint d'une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), une maladie des bronches qui entraîne une inflammation et augmente le risque de cancer du poumon. Il s'est porté volontaire pour participer au projet AIR qui a pour but d'évaluer l'intérêt d'une nouvelle technique de dépistage précoce du cancer du poumon associant scanner et prise de sang. "Ce que nous souhaitons développer est un biomarqueur qui puisse nous dire si ce que l’on voit sur le scanner est un cancer et s’il faut mettre en route un traitement", explique le Pr Charles-Hugo Marquette, pneumologue au CHU de Nice.
Actuellement, le scanner thoracique ne permet pas d’affirmer avec certitude si les cellules anormales sont le signe d’un cancer du poumon. Le nouveau test sanguin a pour but de traquer des cellules qui jouent le rôle de sentinelles. La migration de cellules tumorales dans le sang, baptisées cellules tumorales circulantes, est en effet un phénomène qui intervient précocement dans le développement des tumeurs. "Si la prise de sang, qui est faite en même temps que le scanner, retrouve des cellules tumorales, nous avons des arguments beaucoup plus importants pour pousser plus avant le bilan, voire pour opérer le patient", estime Pr Charles-Hugo Marquette.
Pour isoler ces cellules, l’équipe du CHU de Nice utilise un procédé de filtration du sang. Une fois détectées, elles sont analysées par un spécialiste. Elles présentent des caractéristiques bien précises : "Ce sont des cellules qui ont un noyau extrêmement volumineux, aux contours irréguliers, et dont la taille est nettement supérieure à celle du pore", détaille Dr Véronique Hofman, pathologiste-biologiste moléculaire, au CHU de Nice.
L’étude AIR sera menée auprès de 600 fumeurs, ou anciens fumeurs, atteints de BPCO. Ils feront l'objet d'un scanner thoracique associé à une prise de sang tous les ans, pendant quatre ans. Si l'efficacité de cette stratégie est confirmée, ce test pourrait permettre de détecter un cancer du poumon avant même que des anomalies soient détectables à l’imagerie et ainsi mieux cibler les stratégies thérapeutiques.
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