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Amiante : des milliers d'ex-écoliers d'Aulnay-sous-Bois recherchés

Près de 13.000 anciens écoliers d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, ont reçu ou vont recevoir un courrier de l'agence régionale de santé. Un courrier qui invite ces élèves de trois écoles à consulter un médecin. Tous ont été scolarisés entre 1938 et 1975 près d'une usine de broyage d'amiante, fermée depuis. Une recherche qui est inédite par son ampleur au niveau national.
Article rédigé par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (13.000 élèvent scolarisés entre 1938 et 1975 à Aulnay-sous-Bois ont été exposés aux poussières d'amiante d'une usine voisine et sont aujourd'hui recherchés. Photo d'illustration © Maxppp)

Les autorités sanitaires prennent l'affaire très au sérieux. Pendant près de 40 ans, les écoliers de trois établissements scolaires d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ont pu être exposés aux dangers de l'amiante. En cause, le Comptoir des minéraux et des matières premières (CMMP), une usine qui a exercé des activités de broyage et de commercialisation de différents minéraux, dont de l’amiante entre 1938 et 1975, avant que le site ne soit définitivement fermé en 1991.

"Si les travailleurs du CMMP ont été largement exposés à l'amiante au cours de leur activité professionnelle, les riverains de l'usine l'ont également été du fait des poussières d'amiante émises par le CMMP dans l'atmosphère [...] Toute personne ayant vécu, travaillé ou été scolarisé à proximité du CMMP entre 1938 et 1975 a donc été exposée", souligne l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France sur son site. 

Déjà 120 victimes recensées, selon les associations

Au total, ce sont 13.000 anciens élèves des écoles du Bourg et du groupe scolaire Ormeteau  qui sont concernés et qui ont, ou qui vont recevoir d'ici la fin de l'année dans leur boîte aux lettres un courrier de l'ARS les invitant à aller voir leur médecin pour "établir un diagnostic" et éventuellement à contacter une "cellule d'information dédiée". 

Patricia Klipsch habite depuis 54 ans à 300 mètres de l'usine de broyage. Il y a 25 ans, elle a perdu son beau-père, puis il y a un an et demi, son mari, décédé d'un cancer des poumons lié à l'amiante. En ouvrant le courrier de l'ARS il y a quelques semaines, elle a soudain pris conscience qu'elle aussi pourrait être malade "On est toujours conscient des risques mais j'étais tellement occuppée à veiller sur mon mari que je n'ai pas pensé un instant que je pouvais être concernée." 

"Cela fait 25 ans que je me bats. Cette lettre arrive trop tard, mais au moins elle arrive" (Patricia Klipsh, riveraine et scolarisée dans la zone entre 1966 et 1973)
 

 Selon Alain Bobbio, président de l'association Addeva 93 et membre du comité de pilotage chargé de favoriser "la recherche" et "le suivi" des personnes ayant vécu près de l'usine, "on a dépassé aujourd'hui 120 victimes recensées par les associations. La moitié d'entre elles sont décédées et dans ces pathologies il y a plus d'une trentaine de mésothéliomes, une maladie rare  totalement spécifique de l'amiante ", affirme-t-il. 

"On aurait économisé beaucoup de souffrance et de décès si on avait fait ce qu'il fallait en temps voulu" (Alain Bobbio, président de l'association Addeva 93, avec Mathilde Dehimi)

Les maladies liées à l'amiante sont des maladies qui ont un temps de latence qui peut aller de 10 à 50 ans...

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