Le dioxyde de titane, additif alimentaire controversé, ne sera pas suspendu dans l'immédiat
En attendant une nouvelle évaluation de l'Anses, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, estime que "c'est aux industriels de s'abstenir" d'utiliser cet additif.
Malgré le vote du Parlement, Bruno Le Maire ne compte pas interdire à court terme le dioxyde de titane, additif alimentaire controversé. Invité de l'émission "C à vous" sur France 5, mardi 8 janvier, le ministre de l'Economie a expliqué cette décision par des "évaluations différentes" sur la dangerosité potentielle du produit. "La cohérence, c’est d’avoir une évaluation qui soit partagée sur les dangers du dioxyde de titane. Il y a l’évaluation de l’Inra, il y a celle de l’Anses, qui concluent à des évaluations différentes. Et il y a l’évaluation de l’Union européenne, que nous avons saisie puisque cette décision doit être prise au niveau européen, et qui ne partage pas l’analyse de l’Inra", a-t-il détaillé.
Un nouvel avis doit être rendu par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses), à la rentrée 2019. Sur la base de cette évaluation, Bruno Le Maire "[saisira] à nouveau l'Union européenne et si cette évaluation conclut qu'effectivement il y a un risque sanitaire, [il sera] le premier à signer l'arrêté". En attendant, le ministre de l'Economie se tourne vers les fabricants. "Dans le doute, c'est aux industriels de s'abstenir" d'utiliser du dioxyde de titane, a-t-il estimé sur le plateau de "C à vous".
"Le principe de précaution doit s'appliquer"
Le dioxyde de titane, dont la présence est indiquée sur les étiquettes par TiO2 ou E171, est une poudre blanche utilisée principalement comme colorant, pour blanchir ou intensifier la brillance des produits alimentaires. Les associations de défense des consommateurs et de l'environnement s'inquiètent des nanoparticules contenues dans cette substance, dont la taille inférieure à 100 nanomètres facilite la pénétration dans l'organisme. L'Institut national de la recherche agronomique (Inra) soulignait ainsi en 2017 que l'exposition au E171 favorisait la croissance de lésions pré-cancéreuses chez le rat. Sans que ces résultats ne permettent de conclure sur ses effets sur l'homme.
Plusieurs ONG ont critiqué les déclarations de Bruno Le Maire. "Dans le doute, c'est le principe de précaution qui doit s'appliquer, et s'appliquer prioritairement à la protection des consommateurs et pas à la protection des procédés de l'industrie", a ainsi dénoncé à l'AFP Olivier Andrault, de l'UFC-Que Choisir, jeudi 10 janvier. "La loi doit être appliquée, a insisté de son côté le député LREM Matthieu Orphelin. Ce n'est pas en fonction des intérêts de tel ou tel secteur d'activité qu'il faut maintenant revenir dessus."
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