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Lait infantile contaminé : le PDG de Lactalis a "rallumé la crise avec cette interview"

Guillaume Foucault, président d'une société de conseil en stratégie de communication, a expliqué, dimanche sur franceinfo, que le résultat de l'interview du PDG de Lactalis Emmanuel Besnier dans le "JDD" était "catastrophique".

Article rédigé par franceinfo
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La Une du "Journal du dimanche", le 14 janvier 2018. (MAXPPP)

L'interview d'Emmanuel Besnier, le PDG de Lactalis, dimanche 14 janvier, dans le JDD arrive beaucoup trop tard dans cette crise du lait infantile contaminé, selon Guillaume Foucault. Le président de la société de conseil en stratégie de communication Corpcom a expliqué, dimanche sur franceinfo, que le résultat de cette sortie du silence est "catastrophique".

franceinfo : Est-il encore temps pour Lactalis de s'exprimer ? N'est-ce pas déjà trop tard ?

Guillaume Foucault : S'exprimer dans le "Journal du dimanche" comme Emmanuel Besnier l'a fait est une bonne idée, mais elle est mal réalisée. Cette interview, tous les journalistes la voulaient, ils auraient pu la négocier. Là, elle fait deux pages, mais le journal fait 5 pages [sur le sujet] dont la Une avec la photo du patron. Autant dire que l'effet voulu qui consiste à éteindre la crise n'est pas du tout atteint. C'est l'inverse, ils ont rallumé la crise avec cette interview. Vous noterez aussi qu'à la première question qui lui est posée, le président de Lactalis, ce fameux milliardaire, oublie juste une chose : c'est d'avoir un peu de sentiment, d'être un peu dans le pathos. Quand il y a des victimes, la première chose est d'avoir une pensée pour elles. Première question, première réponse, il nous parle de Bruno Le Maire. On est dans une bataille d'égos et c'est très mauvais. Je crois qu'ils n'ont pas encore perçu l'importance de cette crise pour eux.

Pourquoi dites-vous que cela "rallume la crise" ?

C'est de faire cinq pages dans le "JDD" alors que la crise aujourd'hui est éteinte. Ils ont rappelé tous les produits, c'est terminé. Les supermarchés et les pharmacies ont tout enlevé. Là, on y revient avec la première page du "Journal du Dimanche". Cette interview, elle aurait dû être réalisée il y a un mois, au vrai démarrage de cette crise, mais pas aujourd'hui.

Est-ce qu'une entreprise de cette dimension peut se permettre de rester aussi discrète ?

Elle ne peut pas être aussi discrète que cela. On a l'impression de tomber sur le même type de patrons que dans l'affaire Servier [affaire du Mediator]. C'est à dire qu'ils sont tellement loin de la réalité, tellement entourés, qu'ils ne perçoivent plus la vie telle qu'elle est, ainsi que les sentiments de leurs consommateurs. Le lait infantile, c'est vendu en pharmacie aussi. C'est un produit qui, pour le consommateur, a tout d'un produit pharmaceutique. On nous dit dans l'interview aujourd'hui - que je trouve personnellement catastrophique - qu'il y avait en effet des salmonelles et que le principe de la société consistait à essayer de les repousser. On croit rêver. Alors oui, on est dans un groupe qui fait aussi du fromage. Mais, là, ils doivent confondre certainement un peu les principes, parce que quand on lit ce qu'on lit ici, on est quand même atterré.

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