"J'ai besoin de pouvoir un jour mettre un terme à toute cette affaire" : le procès du Mediator a repris après deux mois de suspension
Après deux mois de suspension à cause du coronavirus, le procès du Mediator a repris mardi 2 juin au tribunal correctionnel de Paris. Une audience sous conditions sanitaires strictes mais qui était très attendue, notamment par les parties civiles.
L'emblématique affaire du Mediator a repris le chemin du tribunal. Suspendu le 16 mars en raison de l'épidémie de coronavirus, le procès du médicament des laboratoires Servier a repris mardi 2 juin au tribunal correctionnel de Paris, dans des conditions sanitaires strictes.
"S'il le faut on ouvrira le grand auditorium". La présidente du tribunal ne laisse rien passer. Elle demande aux policiers dans la salle de vérifier que toutes les distances soient respectées. Les bancs, qui habituellement voient se serrer entre huit et dix personnes, ne sont plus que trois. Tout le monde est masqué. Mais les avocats sont partagés, certains en défense demandent le renvoi, et chacun reconnaît que les mesures sanitaires sont difficiles.
Les victimes, pour la plupart âgées, absentes du procès
"Il y a des impératifs de défense qui exigent de nous que nous nous approchions de nos confrères pour échanger confidentiellement, mais aussi de ceux que nous défendons, et donc il y a des distances qui ne peuvent pas être respectées", explique l'avocat Christian Saint-Palais, sur les bancs de la défense.
Le procès avait été aussi perturbé pour des raisons sanitaires, par l'incapacité de certains à préparer les conclusions pour aujourd'hui et l'incapacité pour d'autres à rejoindre le tribunal pour se défendre.
Christian Saint-Palais, avocat de la défenseà franceinfo
"Ce n'est pas rien et c'était un vrai problème qui était posé au tribunal aujourd'hui", ajoute l'avocat.
Agées et fragiles pour la plupart, les victimes ne sont pas venues. Sauf Lisa, qui est là pour sa mère, victime du Mediator. "J'ai besoin de pouvoir un jour mettre un terme à toute cette affaire, confie-t-elle. Ça faisait dix ans que j'attendais ce procès, les deux mois de confinement ont encore allongé les délais. On a tous hâte que la décision soit mise en délibéré."
"Ce qui est important pour les victimes, c'est que le procès se tienne"
Les parties civiles veulent en finir, explique Charles Joseph-Oudin, qui représente 250 victimes, et rien n’est plus important, selon lui, que d’avancer. "On va plaider avec des masques, tout ça n'est pas très grave, admet l'avocat. Ce sont des petites histoires pour les avocats. Ce qui est important pour les victimes, c'est que le procès se tienne, les victimes l'attendent. "
Le confinement a été très difficile à vivre, et cette idée chez les victimes qu'il y ait un risque que le procès ne se tienne pas, que Servier échappe à la justice, donc c'est important que ça reprenne.
Charles Joseph-Oudin, avocat de parties civilesà franceinfo
Le volet trafic d’influence a été détaché de l’affaire principale. L’un des accusés n’a pas pu être présent à cause de la crise sanitaire et sera jugé en septembre. Les audiences reprendront lundi 8 jui jusqu’au 6 juillet. Quant au délibéré, il ne sera pas rendu avant début 2021, a précisé le tribunal mardi matin.
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