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Viktor Orban accentue son emprise sur les médias en Hongrie

Une fondation liée au Premier ministre hongrois s'apprête à prendre le contrôle de 400 médias dans le pays. La main-mise de Viktor Orban sur la presse s'intensifie malgré les critiques de l'Union européenne.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban le 8 avril 2018. (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

Il n'y aura bientôt plus un seul média libre en Hongrie. Les rares survivants se nomment la radio Klub et le site internet Index. Pour le reste, c’est rideau, terminé : dans ce pays de 10 millions d’habitants, à l’est de l’Autriche, tous les médias sont contrôlés d’une manière ou d’une autre, par le Premier ministre Viktor Orban. Et le dernier épisode de cette prise de contrôle est à peine croyable. Ça s’est passé mercredi 28 novembre : les différents propriétaires de plus de 400 médias hongrois (400 ! Des grands et des petits journaux, des radios, des sites d’information) ont tous annoncé la même chose. Ils "donnent" leurs médias à une seule et unique fondation. "Donner", ça traduit bien l’influence de Viktor Orban, parce ce que cette "Fondation des médias et de la presse d’Europe centrale" est contrôlée par deux avocats, tous les deux proches du Premier ministre. Et dans sa charte, elle précise, je cite, "veiller à la préservation des valeurs nationales". L’opération doit encore être validée par l’autorité de régulation officielle des médias, mais ce sera une formalité : cette autorité est dirigée elle aussi par un proche de Viktor Orban !  

Le défi à l'Union européenne

Il y a pourtant des représailles engagées par l’Europe contre la Hongrie et c’est pour ça que l’épisode de cette semaine est particulièrement révélateur : le premier ministre hongrois se moque éperdument des critiques de l’Europe. Il y a deux mois, le Parlement européen, en effet, a déclenché contre la Hongrie ce qu’on appelle l’article 7 pour non-respect des règles de l’État de droit. Ça peut conduire jusqu’à une suspension du droit de vote de la Hongrie. Est-ce que ça fait peur à Orban ? On a donc la réponse : il n’en a rien à faire. Il y a même dans cette prise de contrôle au grand jour de 400 médias simultanément, une forme de défi à l’Europe : vous voyez, je ne me cache pas, je continue de bafouer la liberté d’expression. Le Premier ministre hongrois semble persuadé que l’Europe n’ira pas jusqu’à le sanctionner. Et ses proches ont même l’audace de qualifier le paysage médiatique hongrois "d’équilibré".  

Le retour à la pensée unique du communisme soviétique

En réalité, depuis le retour au pouvoir d’Orban il y a huit ans, la Hongrie ne cesse de de dégringoler dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières : 23e il y a huit ans, 71e aujourd’hui. Le Premier ministre contrôle évidemment les médias d’État. Et il a aussi fait prendre le contrôle de tous les principaux médias privés : le quotidien Nepszabadzag, le site Origo, la télévision Hir, l’hebdomadaire économique Figyelo, etc. En Hongrie, les proches d’Orban contrôlent 500 médias différents, dont plus de 200 sont aux mains d’un seul homme, Lorinç Meszaros. La Hongrie est en train de revenir au temps du communisme soviétique : une seule pensée autorisée. Silence dans les rangs. Le tout en plein cœur de l’Europe, à 1 500 km de Paris.  

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