Inde : la République devient ultranationaliste et religieuse

Emmanuel Macron sera l’invité d’honneur de Narendra Modi jeudi et vendredi 25 janvier. Le chef de l’État français assistera aux célébrations du Jour de la République, signe de ses excellentes relations avec le Premier ministre indien. Pourtant le régime du pays prend un inquiétant tournant.
Article rédigé par franceinfo - Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le Premier ministre indien Narendra Modi participant à la consécration officielle du temple d'Ayodhya à la gloire de Ram, le 22 janvier 2024. (- / NARENDRA MODI YOUTUBE CHANNEL/AFP)

Le Premier ministre indien, Narendra Modi, est un leader nationaliste, jugé autoritaire et dont les choix politiques ne cessent de nourrir le culte de sa propre personne. Politique très efficace, tout indique que son parti, le BJP, sortira vainqueur des élections générales du printemps prochain. Narendra Modi se dirige donc vers un 3e mandat en tant que Premier ministre.

Ce chef du gouvernement tout puissant a fait installer des centaines de cabines à selfies pour que les millions de citoyens fidèles puissent se prendre en photo avec lui, même sans avoir le privilège de le croiser. En face, l'opposition est totalement atone, transparente. Narendra Modi peut donc, en toute liberté, imposer son modèle de société. Il s'agit d'un modèle où politique et religion n’ont plus de frontières.

Le pays entre dans "un nouveau cycle temporel"

Depuis lundi 22 janvier, cette unification de concepts est officielle, avec l’inauguration du temple à la gloire de la divinité hindou Ram. Ce temple a été construit sur les ruines d’une mosquée. Jamais un Premier ministre indien ne s’était emparé d’un tel évènement religieux. Modi assume et annonce l’avènement d’une nouvelle ère : "Le 22 janvier 2024 n'est pas une date inscrite sur le calendrier. C'est l'origine d'un nouveau cycle temporel. Ram n'est pas un litige, Ram est la solution. À partir d'aujourd'hui, nous devons jeter les bases de l'Inde pour les 1 000 prochaines années à compter de cette époque sacrée. Tous nos compatriotes ont maintenant le plaisir de construire une Inde divine capable et magnifique avec cette force."

Pendant toute la cérémonie, le chef de l’organisation centrale des fondamentalistes et un moine extrémiste, célèbre pour ses discours anti-musulmans et anti-chrétiens, se tenaient autour de Modi. Les célébrations de vendredi marqueront donc la fin de la République laïque indienne et peut-être la naissance d'une "République hindouiste".

En tout cas, il s'agira d'un nouveau régime ultranationaliste, construit méthodiquement par Narendra Modi durant ses deux premiers mandats. Modi a ignoré, voire encouragé les violences à l’égard des communautés musulmanes. Il a également élaboré tout un arsenal de lois réduisant les droits de ces minorités, criminalisant ceux qui les dénoncent, interdisant le financement des organisations de défense des droits de l’homme. Ce modèle d’une Inde autoritaire, qui choisit ses amis et cible ses ennemis, est celui que Narendra Modi envisage de projeter dans sa politique étrangère.

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