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Au Nigeria, les inondations font 600 morts et plus d’un million de déplacés, dans l’indifférence générale

Ce pays du centre de l'Afrique, première économie et pays le plus peuplé du continent, est frappé par des inondations historiques dont quasiment personne ne parle.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Un homme regarde les dégâts causés par les intempéries qui ont frappé le Nigeria, le 13 septembre 2021. (KOLA SULAIMON / AFP)

Les images au Nigéria, comme souvent avec les inondations, sont impressionnantes. Des villages entiers se retrouvent sous les eaux (seules les toitures des maisons dépassent ici ou là). Des voitures sont emportées par les flots, des camions embourbés sur des routes coupées, des ponts, des écoles, des hôpitaux à moitié détruits. Les derniers bilans officiels font état de 600 morts, 1,4 million déplacés, 200 000 maisons inhabitables.

C’est deux fois plus de morts que lors des dernières inondations connues par ce pays de 210 millions d’habitants, c’était il y a dix ans. Vingt-sept des 36 régions du pays sont touchées. En particulier les États côtiers du sud : l'État de Bayelsa à lui seul compte un million de déplacés selon les estimations aujourd’hui du gouverneur de la région. C’est la moitié de la population. Les habitants se déplacent en canoë, seul moyen de transport viable. L’inquiétude grandit, en raison des risques d’épidémies et aussi de famine, car des centaines de milliers d’hectares de terres agricoles sont également sous les eaux. En plus la saison des pluies n’est pas terminée et peut encore durer jusqu’à la mi-novembre.

Réchauffement climatique et inconséquence politique

Il y a plusieurs explications à cette situation. Le Nigéria, comme de nombreux pays africains, est en première ligne face au réchauffement du climat. Les épisodes de pluie violente sont de plus en plus fréquents. Le fait est établi, mais les moyens manquent pour faire face et les politiques se chamaillent. Ces derniers jours, chacun se renvoie la balle au Nigéria. L'opposition critique le président Buhari, qui a tardé à prendre la mesure de la tragédie. Le président Buhari a fini par répondre en fustigeant les gouverneurs locaux qui selon lui n’ont pas suffisamment aménagé les canaux et les rives des fleuves face aux risques d'inondations. Les gouverneurs locaux, eux, montrent du doigt le pays voisin le Cameroun parce qu’à cette période de l’année, il a pour habitude de libérer l’eau contenue dans un lac de barrage situé à la frontière. Le Cameroun répond que le Nigéria est censé depuis de longues années construire son propre barrage pour maîtriser ce phénomène mais reporte sans cesse les travaux en question.  

Un risque élevé de famine

En attendant, le résultat est là et ça ne va pas s’arranger dans les années à venir, et il est fascinant de constater que personne ou presque ne parle de ces inondations au Nigéria. Rares sont les médias internationaux à en parler. Le sujet est invisible, relégué à l’arrière-plan, comme beaucoup d’autres, par la guerre en Ukraine alors même que l’Onu ne cache pas sa préoccupation. Elle classe le Nigéria parmi les six pays au monde les plus menacés par les risques de famine. D’autant plus que le prix des produits alimentaires a augmenté de 26% ces derniers mois. Le prix du riz en particulier. Et c’est une conséquence, en partie, de la guerre en Ukraine.  

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