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Le transport maritime, l'océan et le climat

La semaine prochaine, devraient avoir lieu, dans le cadre de l’ONU, les premiers accords sur la protection de l’environnement maritime, une promesse faite à Paris, lors de la COP21 (la conférence climat) en décembre 2015). Un rêve ou une réalité ?
Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (© gerard feldzer)

Les transports aériens et maritimes avaient été exclus des accords de Paris contre l’engagement de propositions concrètes en 2016, de la part de l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale) d’une part, et de l’OMI (Organisation Maritime Internationale) d’autre part. Pour cette dernière on espère que des accords seront signés la semaine prochaine.

Le plus important est celui portant sur le système de déclaration et surveillance obligatoires des émissions de CO2 du transport maritime

En effet, il faut savoir que ni l’aviation ni la marine ne paient de taxes sur les produits pétroliers, nous sommes encore loin du principe pollueur payeur…mais il est vrai que la marine reste encore le transport le moins polluant à la tonne transportée par kilomètre.

Le transport maritime n’est responsable que de 3% des émissions totales de CO2, mais ce n’est pas une raison pour ne rien faire.

Patrick Boissier, président du Gican (Groupement des Industries de Construction et Activités Navales) nous rappelle que le transport maritime est 100 fois moins émetteur de CO2 que le transport aérien à la tonne transportée, il énumère les solutions techniques telles que les récupérateurs de chaleur dans les échappements, le captage des fumées toxiques, les peintures et les formes des carènes pour améliorer l’hydrodynamique, les carburants alternatifs, sans oublier l’éco-conception des navires et les problèmes liés aux déconstructions.

Ecouter l'interview complète de Patrick Boissier, président du GICAN

Il y a quand même un problème : 90%  des marchandises au niveau mondial sont transportées par bateaux et la progression est constante.

L’association Européenne Surfrider co-fondatrice de la plateforme Océan et Climat alerte l’opinion et les politiques sur l’urgence de prendre dès maintenant les bonnes décisions sur le contrôle et la réduction des gaz à effet de serre.

La porte-parole Antidia Citores signale par ailleurs que si rien n’est fait, le transport maritime sera responsable en 2030 de 17% des émissions de gaz à effet de serre.

Le fuel lourd utilisé par les bateaux est 2 000 fois plus toxique que le diesel routier, notamment par les émissions de dioxyde de soufre qui, entre autres, acidifient les pluies et provoquent selon les experts 60 000 décès prématurés par an.

Ecouter l'Interview complète d'Antidia Citores

C’est pourquoi les armateurs de France, en tant que clients, travaillent également sur le bateau du futur. Eric Banel, délégué général des Armateurs de France, énumère les solutions techniques pouvant être mises en place à court et moyen terme.

Il est actuellement présent à la table des négociations au sein de l’OMI pour faire sortir un texte législatif signé par les états.

Ecouter l'Interview complète d'Eric Banel

Outre les bateaux, les ports sont aussi concernés. On peut imaginer des ports à énergie positive en équipant le foncier et les immenses bâtiments avec des panneaux solaires. On peut également alimenter les gros bateaux à quai.

Frédéric Moncany de Saint Aignan, Président du cluster maritime français prend l’exemple de ces énormes bateaux de croisière, de plus en plus nombreux, qui accostent dans des ports en continuant de faire tourner leurs machines au fuel lourd pour fournir l’énergie aux quelque 10 000 personnes à bord.

Des groupes électrogènes flottants et puissants, fonctionnant au GNL (gaz naturel liquéfié) pourraient être branchés ce qui éviterait de polluer l’atmosphère lors des escales dans des petites îles par exemple.

Ecouter l'Interview complète de Frédéric Moncany de Saint Aignan

Compte tenu du fait que les navires sont en très grande majorité sous pavillon de complaisance, et immatriculés dans des paradis fiscaux, un accord contraignant (taxer le carbone, réguler les démantèlements, etc…) ne sera pas facile à obtenir.

 On parle déjà de certains pays comme la Chine qui sont "vent debout" contre une taxation quelconque. (COSCO, China Ocean Shipping Company , est actuellement le plus grand groupe maritime au monde, présent dans tous les secteurs d'activités) .

Nous verrons la semaine prochaine, qui, des lobbies de l’industrie maritime internationale, ou des états, notamment européens, gagnera la bataille de la réduction des gaz à effet de serre

Les constructeurs et les armateurs français et européens y croient néanmoins. Catherine Chabaud qui connait bien la mer (navigatrice avec 14 traversées de l’Atlantique dont 4 en solitaire, 2 tours du monde en solitaire et sans escale) vient d’être nommée Déléguée à la mer et au littoral au Ministère de l’Écologie. Elle tente de mobiliser les responsables au travers notamment de l’organisation des Conférences nationales de l’océan en rappelant une jolie phrase issue de la COP 21 : "Un océan en bonne santé, c’est un climat préservé ".

Ecouter l'interview complète de Catherine Chabaud

Mon coup de cœur de cette semaine est consacré à une personne qui se bat pour la sauvegarde des phares en mer, il s’agit de Marc Pointud,  Président de la Société Nationale pour le Patrimoine des Phares et Balises.

Il a décidé de vivre seul pendant 2 mois dans le phare de Tévennec, qui est situé au large de la pointe du Raz en Bretagne. On le dit hanté, j’ai voulu en avoir le cœur net, et l’ai appelé au téléphone : "Ce phare n’a pas été habité depuis 106 ans, je peux vous dire que depuis presque 2 mois que je suis ici, à part des bruits bizarres, je n’ai rien vu d’anormal ou de para-normal ".

C’est un vrai breton qui aime la solitude, mais cette opération vise surtout à défendre ce patrimoine pour réhabiliter cette maison phare. Garder la mémoire que véhiculent ces centaines de bâtiments sur nos côtes et dans nos îles, bâtiments qui ont sauvé beaucoup de vies humaines et qui font partie de notre histoire. Son association fait appel aux dons ou aux contributions en nature (matériaux, bénévoles..). On lui souhaite bonne chance.

La signalisation maritime est devenue automatique, les bateaux sont équipés de GPS, mais la signalisation par les phares fait partie du paysage maritime, qu’il faut conserver.

Il existe encore 135 phares, 220 bâtiments dont les maisons phares et 1 500 feux de signalisation.

Ecouter l'interview complète de Marc Pointud
  (© pharesetbalises.org)
 

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