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Télécoms : la fin des grandes manoeuvres aux Etats-Unis

Le groupe de télephonie britannique VODAFONE cède à l'américain VERIZON ses participations dans leur entreprise commune aux Etats-Unis pour 130 milliards de dollars. L'opération surprend par son gigantisme.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

Pour racheter les
45% que VODAFONE détenait dans VERIZON WIRELESS, VERIZON met sur la table 130
milliards de dollars, en euro cela fait près de 100 milliards. C'est la
deuxième plus grosse opération de fusion-acquisition dans l'histoire des
télecoms. En réalité la troisième sur le plan industriel après l'OPA de TIME
WARNER sur AOL pour 136 milliards d'euros et le rachat de l'allemand MANNESMANN
par VODAFONE (encore lui) pour 150 milliards à la fin des années 90.

*** Le montant de
l'opération VODAFONE/VERIZON, c'est finalement une somme colossale qui revient
dans l'économie britannique.


Effectivement...
les 100 milliards d'euros, VERIZON les paiera en actions et en cash. Ce qui a
poussé les agences Standard and Poor's et Moody's à abaisser la note du groupe,
estimant que cela n'allait pas arranger son endettement.

Qu'à cela ne tienne
: la somme colossale qui revient au Royaume-Uni, certains analystes vont
jusqu'à la comparer aux mesures de soutien à l'économie britannique par la
banque centrale d'Angleterre depuis 2009. Alors c'est vrai, cet argent va aller
alimenter en partie les dividendes des actionnaires de VODAFONE qui réalisent
là une excellente opération... mais c'est de l'argent qui va être réinvesti et
donc participer au soutien de l'économie outre Manche.

Si l'on s'en tient
au plan strictement industriel, quel est le sens de cette opération
?

Pour VODAFONE qui
est déjà numéro un mondial de la télephonie en terme de revenus (au coude à
coude avec China Telecom), c'est d'abord l'occasion de se retirer d'une
participation minoritaire non stratégique dans VERIZON. Surtout, le groupe va
en profiter pour conquérir de nouveaux marchés : les émergents ; l'Europe
du Sud ; se développer en Allemagne et en France. La France où VODAFONE
détenait 44% de SFR jusqu'à ce que VIVENDI ne les rachète il y a deux ans.
Certaines mauvaises langues affirment que SFR pourrait redevenir une éventuelle
tête de pont VODAFONE en France. VIVENDI le dit à l'envi : SFR n'est pas à
vendre, mais les analystes sont partagés sur le sujet.

Enfin, pour
VERIZON, c'est l'occasion de reprendre en main intégralement sa stratégie sur
le sol américain face à la concurrence des autres géants dont AT&T.

A voir toutes ces
opérations capitalistiques, la crise semble bien loin !

Signal positif :
les multinationales reprennent l'offensive. C'est l'autre
principale leçon à tirer de cette méga-opération. On peut y ajouter celle
annoncée ce matin à travers le rachat par MICROSOFT des activités télephonie
mobile du finlandais NOKIA pour 5 milliards et demi d'euros. Les multinationales reprennent l'offensive, pas uniquement aux Etats-Unis.
Les rapprochements se multiplient aussi en Europe. Ils concernent des groupes
comme SCHNEIDER, ESSILOR, cet été il y a eu PUBLICIS-OMNICOM. C'est ce que l'on
appelle de la croissance externe et c'est à mettre dans la catégorie des bonnes
nouvelles.

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