Rigueur, austérité, Cahuzac... de la confiance à la défiance des Français
Le gouvernement s'est réveillé ce matin face à un véritable défi : regagner la confiance des Français. Comment faire, dès lors que le mensonge s'est immiscé pendant des mois au cœur de Bercy censé être le berceau de la rigueur budgétaire ? Cette actualité politico-judiciaire tombe vraiment très mal pour l'Elysée et Matignon. Empêtré dans l'affaire Cahuzac, le gouvernement va devoir redoubler d'ingéniosité pour trouver les bons arguments. Convaincre de la pertinence de ses choix économiques et de ce qu'il a présenté jusqu'à présent comme de la justice fiscale.
Convaincre d'abord les Français. Jour après jour, les enquêtes d'opinion montrent que la confiance dans le candidat François Hollande se transforme en véritable défiance à l'égard du Président élu.
Convaincre ensuite Bruxelles. Dans la tourmente, les esprits vont devoir rester concentrés sur l'essentiel, trouver un peu de temps de cerveau disponible pour prendre les bonnes décision, à l'heure où rien ne semble stopper le dérapage des finances publiques.
D'autant que le calendrier budgétaire se resserre de plus en plus !
Avec une date précise : le 15 avril, c'est dans quelques jours. Paris devra alors communiquer à la Commission européenne ses perspectives budgétaires pour les trois prochaines années avec pour mot d'ordre ''le retour à l'équilibre des finances publiques''.
La volonté est là mais, pour l'heure, ni l'Elysée, ni Matignon, n'ont dit comment ils allaient œuvrer dans les détails. Or si Bruxelles est prête à accorder un délai supplémentaire pour repousser d'un an l'objectif des 3% de déficits, elle ne se contentera pas d'un vague catalogue de mesures mais demandera des engagements et des actes concrets.
Mais il y a les retraites, les allocations familiales, la taxe à 75%...*
Il s'agit de mesures très ciblées et de court terme. Or, réduire durablement les déficits pour ne pas imposer aux générations futures le remboursement de nos errements présents doit passer par de vraies réformes structurelles qui s'appliquent sur la distance. De cela, il n'est absolument pas question aujourd'hui dans la communication gouvernementale. Des engagements valables sur la durée, aussi difficiles soient-ils, indépendants des alternances politiques, auraient au moins le mérite de redonner confiance en l'avenir. Ajouter de l'austérité à l'austérité, c'est renforcer le sentiment d'incompréhension et, surtout, obérer le peu de reprise possible.
Enfin, c'est toute une communication et un message qu'il faut revoir : comment désormais vendre aux Français le sang et les larmes nécessaire au redressement des comptes publics sans lever un concert d'indignations face au sacro-saint politique indélicat (faites ce que je dis, pas ce que je fais) ?
Heure de vérité donc mais les marges de manœuvres se sont réduites comme peau de chagrin. Le match nul entre le PSG et le Barça hier soir apparaît déjà ce matin comme une bouffée d'oxygène médiatique très lointaine.
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