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Relance de l'apprentissage, le nécessaire changement de méthode

Après les assises de l’apprentissage organisées par François Hollande en septembre dernier, le Premier ministre Manuel Valls a remis le sujet sur la table mardi 12 mai en recevant partenaires sociaux et présidents de Régions pour les mobiliser dans la perspective de la rentrée. L’objectif est d’atteindre 500.000 apprentis en 2017. Est-ce jouable ?
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (© Maxppp)

Malgré les objectifs affichés, les indicateurs sont au rouge : les entrées en apprentissage ont baissé de 13% au premier trimestre, et ce après deux années de repli. C'est une sérieuse alerte pour l’Etat, d’autant que le dispositif actuel est très critiqué le Conseil d’Analyse Economique – la boîte à idée du gouvernement – dans un récent rapport.

Financement, gestion, offre de formation… il faut tout revoir. gestion, financement, offre de formation… il faut tout revoir.

 

C’est à dire que notre système ne répond pas aux besoins des jeunes et des entreprises ?

 

L’apprentissage est toujours considéré comme une filière plutôt dévalorisante, sans compter avec l’Education nationale qui a une approche plutôt difficile, pour ne pas dire conflictuelle, avec le monde de l’entreprise. Dans la France des Lumières la formation intellectuelle prime sur la pratique manuelle.

Regardons les exemples chez nos voisins. Comparaison n'est peut-être pas raison mais si l'on prend le cas de la Suisse, l’Etat fédéral s’est fixé comme objectif 20% de bacheliers pour 80% de jeunes formés à un métier et diplômé. Les petits Suisses découvrent le monde de l’entreprise dès l’âge de 12 ans.

Bilan : 7% de chômage chez les jeunes de moins de 25 ans sur les bords du Léman, contre plus de 20% chez nous.

 

Le gouvernement a mis en place de nouvelles incitations financières pour les entreprises qui accueillent des apprentis. Cela ne suffit pas ?

 

Il n'y a pas que les sous, il y a aussi et surtout la méthode. Un patron de PME me confiait récemment qu’en 2014 il parvenait à flécher plus de 45% de la Taxe d’Apprentissage versée. C’est à dire qu’il pouvait en choisir l'affectation en fonction de ses réels besoin de main d’œuvre. Aujourd’hui, il n’en flèche plus que 25%. La somme versée est identique mais la destination lui échappe.

La taxe d’apprentissage pour les entreprises représente une ponction de 900 millions d’euros. 300 millions remontent dans le budget de l’Etat, 600 millions vont vers les régions. Et après ? C’est l’inconnu !

Il faut donc retisser le lien entre l’entreprise et les organismes de formation sur le terrain (par régions et bassins d’emplois en fonction des besoins locaux), retisser le lien entre l’entreprise et l’école, simplifier les contraintes en matière de sécurité, que les chambres de commerce jouent le jeu et que l’Etat dise clairement, à l'euro près, où va l’argent collecté, tout simplement pour redonner confiance aux acteurs. Le sujet est au programme du Conseil des ministres ce mercredi 13 mai.

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