Cet article date de plus de dix ans.

R&D recherche emploi

2013 n'aura donc pas permis d'inverser la courbe du chômage. Regard sur l'emploi à travers la recherche et développement qui a connu aussi le creux de la vague l'an dernier.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

C'est
une étude très intéressante qui vient d'être publiée par l'observatoire de
l'investissement Trendeo pour le mensuel Industrie et technologie .
Trendeo montre que pour la première fois depuis 4 ans, le nombre de postes
supprimés en France dans la R&D a dépassé l'an dernier le nombre d'emplois
créés. Concrètement, en 2009 – donc au début de la crise – les projets de
recherche et développement dans l'industrie et les PME-PMI avaient permis de
créer quelque 7000 postes. Depuis, ces créations ont été divisées par 7.
Certes, il y a eu des créations d'emplois mais dans des proportions bien
moindres. 80% étant le fait du secteur privé, 20% du public.

 Comment
expliquer cet important recul en l'espace de, seulement, 4 années ?

 D'abord
il y a les secteurs : l'informatique, l'industrie manufacturière, l'automobile,
le nucléaire (l'effet ITER, le réacteur thermonucléaire expérimental, s'est
estompé une fois le programme lancé). La chimie et l'industrie pharmaceutique
ont elles aussi réduit la voilure (1 millier d'emplois supprimés dans ce
secteur).

Pour
ce qui est des perspectives, l'aéronautique devrait suivre le même mouvement.
Airbus, qui est un gros employeur, ne devrait plus recruter d'ingénieurs
développement au cours des dix prochaines années car il n'envisage pas de
sortir de nouveaux modèles d'avions (cela a un impact direct sur les
sous-traitants).

Quand
on rapproche les données, on voit que la courbe en baisse des emplois dans la
R&D suit celle des investissements. Les deux lignes sont corrélées, rien de
plus logique.

 Autrement
dit, en règle générale, les entreprises se sont montrées prudentes

 Prudentes
et frileuses. Encore une fois, à l'heure du débat sur les contreparties
réclamées aux patrons en échange du pacte de responsabilité, il faut rappeler
qu'une entreprise (grande ou petite) innove, et donc créé de l'emploi, si elle
sûre d'avoir des marchés et des clients. Ce n'est pas ce qui s'est passé au
cours des 4 à 5 dernières années, loin s'en faut.

Cela
ne veut pas dire que les entreprises françaises ont gelé leurs investissements
ad vitam aeternam mais elles les ont mis en veilleuse. Faute de confiance (le
mot est à la mode mais bien réel), faute également de visibilité et de
stabilité de notre politique économique, notamment en matière fiscale. A ce
titre, le Pacte de responsabilité devrait offrir une partie de la solution.

 Peut-on
dire aussi que les délocalisations ont joué un rôle ?

 Elles
ont tenu un rôle essentiel. Quand on perd la production industrielle, dans la
foulée, on perd la Recherche et Développement qui se délocalisent très
facilement dans les pays à bas coût de main d'oeuvre. Tout cela, justement pour
pallier les rigidités françaises et la formation qui ne suit pas.

Je
lance une idée ce matin sur France Info : après la fiscalité, lançons un
"Pacte de Responsabilité Formation" où chacun (Etat, universités,
grandes écoles, lycées, collèges, patrons et syndicalistes) rebattrait les
cartes, loin de toute idéologie de part et d'autres. Ce n'est pas le rêve d'un
monde de Bisounours. La situation est telle aujourd'hui que toutes les pistes
doivent être explorées.

 

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