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Présidence grecque de l'Europe, les enjeux

La Grèce dirige l'Europe pour six mois. Elle occupera ce fauteuil jusqu'à fin juin en vertu de la Présidence tournante qui attribue le fauteuil à un Etat différent chaque semestre.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

L'attentat perpétré dans la nuit de dimanche à lundi contre la résidence de l'ambassadeur d'Allemagne à Athènes l'a rappelé. Attribué à l'extrême gauche, cet acte apparaît comme le symbole de l'exaspération de la population. Les vœux du Premier ministre Antonis Samaras, selon lesquels la Grèce n'aura plus besoin d'aide financière internationale cette année, raisonnent comme un signe d'espoir mais ne doivent pas faire oublier les efforts que la population a dû faire.

Où en est le pays aujourd'hui ?

Placé sous perfusion financière depuis 2010, Athènes aura obtenu au total 240 milliards d'euros et un effacement de dette de quelque 100 milliards. Une dette qui atteint toujours 176% du PIB. C'est à dire que le pays continue de dépenser plus qu'il ne gagne chaque année.
La Grèce peut-elle compter sur la Présidence de l'Union pour obtenir une certaine clémence de la part de ses partenaires ? Rien n'est moins sûr. D'abord, cela serait un signal égoïste envoyé par le chef, et puis ce n'est pas parce qu'elle préside l'Europe que la Grèce va voir ses taux d'intérêts baisser. Ils atteignent 8% au moment où le pays doit encore trouver 10 à 15 milliards d'euros dans les 2 ans.

Malgré tout, la Grèce, va devoir gérer des dossiers très lourds... notamment celui de la libre circulation des ressortissants bulgares et roumains dans l'ensemble de l'Europe.

Ca ne sera pas une mince affaire tant le sujet suscite de vifs débats et de vives oppositions. On l'a vu récemment en France avec la question des travailleurs détachés qui créent un dumping social, ravageur dans l'opinion. La libre circulation des roumains et bulgares alimente les peurs sur fond d'euroscepticisme. N'oublions pas que les élections européennes se tiennent au printemps.


Enfin, l'Europe 2014, c'est aussi l'entrée de la Lettonie comme 18ème membre de la zone euro...*

Deuxième pays balte et 4ème ex-communiste d'Europe centrale à adopter la monnaie commune après la Slovénie, la Slovaquie et l'Estonie. Accueillir la Lettonie, c'est accueillir un pays qui revient de loin et qui a su s'en sortir à force de volonté.
Avec ses 2 millions d'habitants, la Lettonie avait pris la crise de plein fouet avec une chute brutale de sa croissance économique de 20%. Aujourd'hui, son PIB (sa richesse nationale) progresse d'un peu plus de 5%.
Enfin, pendant la crise, Riga a choisi de ne pas opter pour une dévaluation de sa monnaie (le Lat). Résister à la tempête sans recourir au levier monétaire a certainement joué en sa faveur aux yeux de Bruxelles et Berlin pour gagner son ticket d'entrée.

Et, là aussi, au prix de gros efforts de la part de la population...

Le peuple letton entre dans l'euro à reculons. A peine un tiers y est favorable. Chat échaudé craint l'eau froide : le pays connaît aujourd'hui un taux de chômage de 15%. 50 ans de gestion soviétique sont très difficiles à oublier. Le pays continue de souffrir d'un déséquilibre de compétences avec une prééminence des diplômés en sciences humaines mais très peu en informatique malgré les besoins urgents. L'arrivée dans la zone euro devrait permettre à Riga de combler bien des retards.

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