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Le FMI ne cède pas au Lagarde bashing

Christine Lagarde s'explique devant la Cour de Justice de la République à Paris dans l'affaire Tapie / Crédit Lyonnais. Plus loin que l'affaire de politico-économique intérieure, c'est un nouveau coup dur pour l'image de la France à l'étranger.
Article rédigé par franceinfo
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Christine Lagarde s'explique devant la Cour de Justice de la République à Paris dans l'affaire Tapie / Crédit Lyonnais. Plus loin que l'affaire de politico-économique intérieure, c'est un nouveau coup dur pour l'image de la France à l'étranger. Après les frasques sexuelles de Dominique Strauss Kahn, la gestion d'un dossier politico-financier ultra sensible par Christine LAGARDE. Jusqu'à demain, l'actuelle Directrice générale du Fonds Monétaire International est entendue sur la décision de l'Etat en 2008 (à l'époque où elle était ministre de l'Economie et des Finances de Nicolas Sarkozy) de recourir à un tribunal arbitral pour solder le litige avec Bernard Tapie après la vente d'Adidas.  Les faits sont de nature totalement différente avec ceux de l'affaire DSK mais l'impact est identique sur l'image de la France à l'international. Argument supplémentaire pour les partisans du désormais célèbre ''french bashing'', le ressentiment anti-français.

 
A l'issue de son audition par la Cour de Justice de la République, Christine LAGARDE pourrait être mise en examen pour " complicité de faux et détournement de fonds publics " ou placée sous statut de témoin assisté... pourrait-elle alors rester patronne du Fonds Monétaire International ?

Oui. Christine Lagarde ne serait pas légalement tenue de démissionner mais sa situation pourrait être fragilisée. D'abord, les faits ne la concernent pas au titre de dirigeante du FMI. Ensuite, il ne s'agit pas d'une affaire d'enrichissement personnel. Dans les couloirs du Fonds Monétaire, on considère qu'il s'agit plutôt d'un règlement de compte politique. Enfin, aucun document du FMI ne prévoit un tel cas de figure. Seul un code de bonne conduite actualisé en août 2012 - après l'affaire DSK - appelle les dirigeants de l'organisme à respecter ''les plus hautes valeurs éthiques''. Sans le dire clairement, il est question de possibles cas de harcèlement ou de favoritisme au sein de l'institution, mais le document n'aborde pas la marche à suivre en cas de poursuites judiciaires extérieures. Le FMI lui a réitéré sa confiance, ce qu'il avait fait également avec Strauss Kahn avant que celui-ci ne soit contraint au départ.

Donc, selon vous : plutôt mauvais pour l'image qu'une réelle perte d'influence ?

Après Jean-Claude Trichet qui a quitté la Présidence de la Banque Centrale Européenne en 2011, et Pascal Lamy qui cèdera la Direction générale de l'Organisation Mondiale du Commerce au mois d'août, le Fonds Monétaire International est le dernier bastion mondialiste détenu par la France. Un départ de Christine Lagarfe affaiblirait plus l'emblème tricolore que notre réelle influence. Car dans ces instances internationales, le pouvoir est dans les coulisses. Mieux vaut occuper des places dans les hautes sphères administratives réellement influentes qu'un poste de premier plan, sous les projecteurs, certes honorifique mais bien souvent limité à une fonction de représentation politique et surtout médiatique. Ce sont ces places, ces niveaux "N-1" ou ''N-2'', que la France devrait avant tout viser. Moins glorieuses mais à la portée beaucoup plus large.

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