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L'Allemagne ne veut pas d'un EADS toulousain

Retour sur une polémique qui agite les milieux industriels en Europe. Elle tourne autour de l'installation à Toulouse de la direction du groupe EADS.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Franceinfo (Franceinfo)

L'information aurait pu passer inaperçue si elle n'était tombée en plein débat sur les relocations en France. En l'occurrence, il ne s'agit pas d'une véritable relocalisation mais d'un déménagement souhaité par le futur patron du groupe d'aéronautique et de défense européen. En vertu d'une présidence tournante, Tom ENDERS succèdera au Français Louis GALLOIS l'été prochain. Il y a quelques semaines, Tom ENDERS avait fait part de son intention de regrouper à Toulouse le gros de ses troupes directionnelles plutôt que de les voir éclatées entre la ville rose, Paris et Munich. Souci d'efficacité mais aussi d'économie... unité de lieu, gain de temps et d'argent pour la maison-mère d'Airbus.

Mais l'Allemagne, qui est actionnaire d'EADS aux côtés de la France et de l'Espagne, n'est pas d'accord !

Et elle le fait savoir... un représentant du gouvernement MERKEL (en l'occurrence le ministre de l'Economie) vient d'écrire officiellement à Tom ENDERS pour l'enjoindre de privilégier les intérêts allemands... il lui demande de renforcer les usines d'Airbus sur le sol germanique. Mais c'est mal connaître le caractère bien trempé de ce fils de Berger et officier de réserve de la Bundeswehr... avant même de prendre son poste, Thomas ENDERS tient à s'affranchir du pouvoir politique quel qu'il soit. Crime de lèse majesté aux yeux de l'Allemagne... il faut dire que de part sa dimension aéronautique et de défense, le groupe EADS est une entité particulièrement stratégique. Le futur patron n'en a cure… il est en train de réfléchir aux moyens de se passer purement et simplement des subsides allemands : c'est quand-même 1 milliards d'euro pour un seul appareil comme l'A350 par exemple.

Cette querelle est, selon vous, révélatrice de la difficulté de construire un véritable esprit d'entreprise commun...

Difficile en effet de convaincre les citoyens de l'idéal européen en se tirant ainsi dans les pates. Et puis l'Allemagne ne respecte pas l'accord passé il a cinq ans entre Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL pour mettre un terme aux rivalités au sein du groupe. Le Président de la région Midi-Pyrénées Martin MALVY accuse Berlin d'ingérence... quant au ministre de la Défense, il préfère minimiser en jouant sur l'humour : pour Gérard LONGUET, cette affaire n'est pas la dépêche d'Ems, en référence au télégramme officiel de Bismarck qui poussa Napoléon III à déclarer la guerre de 1870. Ainsi va la construction européenne.

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