Embellie de l'économie américaine : vraie reprise ou feu de paille ?
Les économistes sont volontairement prudents et parlent d'un effet possible de facteurs saisonniers. Mais chiffres sont là, concrets. En novembre, les dépenses de construction ont atteint un plus haut depuis un an et demi ; en décembre, l’activité de l’industrie manufacturière s’est accélérée ; les entreprises privées américaines ont créé 325.000 emplois (c'est deux fois plus que prévu mais le taux de chômage reste très élevé à près de 9% de la population active). Les intentions de licenciements ont baissé… enfin, l’activité dans les services s’est accélérée.
Comment s’expliquent ces bons résultats ?
C’est un fait : il y a aujourd’hui un rebond de l’économie américaine. Elle rebondit après avoir déprimé dans le courant de l’année dernière pour une raison très simple : elle avait subi la forte hausse des prix de l’essence. Cela avait entraîné une baisse de la consommation (ce qui n'est plus le cas aujourd'hui). Et puis n’oublions pas que la FED (la réserve fédérale) n’est pas la banque centrale européenne : elle peut racheter massivement de la dette et soutenir ainsi la politique budgétaire. Or, la politique budgétaire défendue par la Maison blanche a beaucoup joué. Au risque de perdre son AAA (ce qui est arrivé), WASHINGTON a gardé un rythme de déficit public très important au moment où la croissance n’était pas encore repartie. Il ne fallait surtout pas casser la reprise mais l’attendre avant de resserrer les budgets. Les européens, eux, ont fait tout le contraire. Alors attention, je ne suis pas en train de dire que l’on aurait du, chez nous, laisser glisser les déficits. Les Etats-Unis ont fait ce pari mais il n’est pas gagné, loin de là.
C’est à dire ?
Les américains sont à un moment où – reprise aidant – il faut commencer à serrer les boulons des deniers publics. Le problème (et cela, personne ne l’avait prévu) c’est que républicains et démocrates ne sont pas d’accord sur les moyens d’y parvenir. C’est la guerre au Congrès entre les partisans (républicains) du moins de dépenses et ceux (démocrates) du plus d’impôts. Un accord est intervenu pour repousser de quelques semaines la date fatidique du choix de politique budgétaire pour l’année à venir… normalement, on sera fixé avant la fin février. Donc : croissance soutenue de l’économie outre-Atlantique mais encore trop insuffisante pour relancer massivement l’emploi… ‘’une hirondelle ne fait pas le printemps’’ »… surtout au début d'un hiver qui s’annonce très long.
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