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Ecoles de commerce : l'Espagne et l'Inde taillent des croupières à la France

Le Financial Times publie son classement mondial des écoles de commerce, le Master in management. Il y a du très, et du moins bon, pour les établissements français.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
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Ces classements
suscitent chaque année joies et peines. Il y a les bonnes et les mauvaises
nouvelles, mais surtout les enseignements de fond très intéressants à
disséquer. Quinze de nos
écoles (sur une quarantaine) figurent cette année dans ce top 50 du FT. Pas de
quoi rougir, c'est bien.

Quelles sont les
grandes tendances cette année ?

Outre les
traditionnelles exceptions dont l'ESCP (l'Ecole Supérieure de Commerce de
Paris) qui s'octroie la prestigieuse deuxième place, derrière l'école suisse de
Gallen, et puis HEC qui est à la non moins confortable quatrième place... ou
encore Telecom Management d'Evry qui gagne 7 rangs... dans l'ensemble, les
établissements français perdent des positions : l'ESSEC (-3 places / 8ème) ; EM
LYON perd trois rangs et sort du Top10 ; l'EDHEC (-2 / 14ème). Phénomène notable :
les rétrogradations sont plus importantes pour les écoles issues d'une fusion.
Elles pensaient être plus fortes en se rapprochant. En vain (c'est le cas de
Marseille Euromed et Bordeaux BEM). A noter enfin 2 entrées dans le palmarès :
l'IESEG Lille-Paris (24ème) et, un peu plus loin, l'Ecole Supérieure du
Commerce de Rennes.

Comment se fait et
se défait le classement de ces grandes écoles ?

Le Financial Times
prend en compte les critères que les élèves et les enseignants considèrent
eux-mêmes pour choisir tel ou tel établissement : la dimension internationale
des programmes, la place des femmes, le salaire des diplômés et la progression
des carrières une fois lâchés dans la vie active. C'est la question
des rémunérations qui écorne la réputation des écoles tricolores. Les salaires
que décrochent les diplômés de nos business-schools sont nettement inférieurs
aux écoles concurrentes. Exemple : un étudiant qui sort de l'ESC Paris peut
espérer, au bout de trois ans de carrière, un salaire annuel de 48/49.000
euros. Pour son homologue sortant de Saint Gallen en Suisse, ca sera plutôt
60.000 euros. Et ce salaire à la française régresse depuis 3 ans.

Pourquoi perd-on en
notoriété ? Certains invoquent la crise...

Et bien c'est un
faux argument. S'il s'agissait de la crise, elle toucherait toutes les écoles.
Non, d'abord, il y a la compétitivité de nos établissements, leur mauvais
rapport qualité/prix. Les frais de scolarité se sont envolés ces dernières
années (11.900 euros par an pour l'ESC Paris et HEC. Jusqu'à 29.000 euros pour
le Master de l'ESSEC qui se prépare en deux ans). "Payer plus pour gagner
moins" au final éloigne les candidats qui se tournent vers d'autres écoles
émergentes. L'Inde et l'Espagne nous taillent ainsi des croupières. C'est
l'effet de la crise. L'Espagne qui est au fond du trou a décidé de renforcer
ses cursus internationaux pour former ses élites. Stratégie gagnante. L'ESC
Paris l'a bien compris : c'est la seule école de commerce au monde à disposer
de 5 antennes dans 5 pays différents. L'ESCP est deuxième au classement cette
année... CQFD.

 

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