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Crise, quand Bruxelles tance Paris

Dans un entretien au Figaro Economie ce matin, le Gouverneur de la Banque de France Christian NOYER appelle au "consensus politique" pour rétablir l'équilibre les comptes publics et, surtout, restaurer la confiance. Il faut dire que Bruxelles n'y est pas allé de main morte, hier, avec la France.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

 

Appelons un chat un chat… ce que l’on a vécu ce 10 novembre
est un véritable camouflet. Après la Grèce et l’Italie, voici la France mise au
banc des plus mauvais élèves de la zone euro officiellement par Bruxelles. Il y
a vraiment de quoi être choqué dans son orgueil. Une des deux têtes du
sacro-saint couple franco-allemand reçoit les honneurs du Commissaire européen
aux Affaires économiques en personne. Et quels honneurs ! Tel le maître d’école,
Olli REIN demande publiquement à la France de faire encore plus vite pour
résorber ses déficits. Que dit Oli Rein ? Si la France (deuxième
économie de la zone euro) ne prend pas de nouvelles mesures d'économie (après
celles déjà annoncées lundi par François FILLON), son déficit public se
cantonnera en 2013 à 5,1% du PIB contre les 3% requis. Sous entendu, sans
nouveau tour de vis, Paris ne tiendra pas ses objectifs.

 

Et c’est réellement grave, Docteur ?

 

Il y a au moins deux leçons à tirer de tout cela : 1/
sur le plan diplomatique ; 2/ sur le plan économique. La dimension
diplomatique tout d’abord. Le message est clair : personne n’est à
l’abri des critiques de Bruxelles… pas même les pays – comme la France – qui
suent eau et sang pour faire avancer la machine. Tout le monde est scruté à la
loupe, pas seulement la Grèce ou l’Italie, l’Espagne ou l’Irlande. Personne ne
peut se prévaloir d’un quelconque titre de noblesse. Deuxième point : la
situation économique. C’est vrai, la France est prise – comme les autres Etats
– dans un contexte général morose et devra vivre avec un encéphalogramme plat
en 2012 : 0.6% de croissance d’après les experts de la Commission
européenne alors que Paris a tablé sur 1% pour construire son budget de l’an
prochain. Ajouter à cela la dernière enquête l’INSEE :  les patrons de l’industrie anticipent des
investissements en hausse de 4% seulement en 2012 après 11% cette année. Ce
sera le contre coup de la crise. Il semblerait que l'on n'ait pas encore
mangé tout notre pain noir.

 

Et que répond Paris à Bruxelles ?

 

Et bien que tous les efforts seront faits pour que la France
ne perde pas sa réputation d’Etat vertueux. Donc : un troisième plan de
rigueur est prévisible car selon différentes estimations,
il faudra trouver entre 3 et 4 milliards d’euros supplémentaires pour rentrer
dans les clous en 2013. Le tout étant de savoir quand cet énième plan va nous
tomber sur la tête. Certainement pas avant l'élection présidentielle, sauf si Nicolas SARKOZY ou François FILLON font preuve d’un courage politique
hors norme, accompagné d’un savant dosage de pédagogie.

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