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Boone à l'Elysée, un signal fort envoyé aux marchés financiers

L’Elysée a annoncé le remplacement de plusieurs collaborateurs du président de la République, François Hollande. Une demi-douzaine de changements avec un point particulièrement marquant en matière économique
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (© Maxppp)

Ces changements sont considérés comme normaux après deux ans de mandat. Après le remaniement gouvernemental, voici celui des conseillers du président. Une demi-douzaine de départs et autant d'arrivées qui interviennent quelques semaines après la nomination de l’ami de toujours de François Hollande, Jean-Pierre Jouyet, au poste de Secrétaire général de l’Elysée, en remplacement de Pierre-René Lemas.

Ce changement tombe à un moment charnière du quinquennat

La claque infligée au Parti socialiste aux élections municipales ; une impression de flottement dans la gestion des affaires qui pousse des députés PS frondeurs à fournir leurs propres contre-propositions pour plus d’emplois et de justice sociale ; et puis l’arrivée du Projet de Loi de Finances Rectificatives (le PLFR).

Présenté ce matin en Conseil des ministres avant d'être débattu à l’Assemblée nationale du 23 au 25 juin, le texte qui introduit les 4 milliards d’euros d’économies supplémentaires que l’Etat doit faire cette année, place l’Elysée et Matignon dans une séquence politique très tendue. Une séquence déjà rendue délicate par la mise en œuvre du Pacte de responsabilité et des baisses de charges des entreprises qui exaspèrent la gauche de la gauche.

Qu’en est-il sur le fond ? Que doit-on attendre de cette valse des conseillers à l’Elysée ?

Le changement le plus marquant est donc celui du conseiller économique du Président. Un ancien banquier de la Compagnie Financière Edmond de Rotschild, Emmanuel Macron, s’efface au profit d’une bientôt toute fraîche ancienne banquière, Laurence Boone, pour quelques jours encore chef économiste Europe de Bank Of America Merryl Lynch.

Brillante et discrète personnalité âgée de  45 ans, diplômée de la London Business School, professeur à Polytechnique, membre du Cercle des économistes, spécialiste de la macro-économie, des finances publiques et des politiques européennes, Laurence Boone – qui a fait un détour par le conseil d’administration de Kering, anciennement groupe de luxe Pinault Printemps Redoute – travaille notamment sur la modélisation économique des pays du G7. François Hollande a choisi la bonne personne.

Cette économiste s’est pourtant montrée très critique à l'égard de la politique de François Hollande

C’est peu dire ! Il y a trois semaines à peine, dans une tribune publiée par le très libéral quotidien l’Opinion dirigé par Nicolas Beytout, Laurence Boone lâchait, je cite : ‘’arrêtons le massacre !’’. Les choix de politique économique de l’équipe en place sont ‘’quasiment inexistants’’… « Le discours de politique général de Manuel Valls ne fut que de l’eau tiède en matière de relance économique ». Enfin, cerise sur le gâteau : ‘’sans changement de conduite, notre dette atteindra 100% du PIB dans 3 ans’’. Fichtre !

Bilan des courses : Laurence Boone se retrouve éminence grise du chef de l’Etat, pas rancunier pour un sou. Le message est clair. Il est destiné aux décideurs économiques, aux investisseurs et aux marchés financiers (c'est très bon pour les taux d'intérêts auxquels la France rembourse sa dette. Les taux fixés par les marchés eux-mêmes). ‘’N’ayez crainte : j’ai compris mes erreurs…’’, leur dit François Hollande… « Maintenant, c’est à vous de me comprendre ». A Laurence Boone de transformer le rêve en réalité.

 

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