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Après l'échec brésilien, quelles chances pour le Rafale ?

Dassault ne vendra pas son avion de combat Rafale au Brésil, la Présidente Dilma Roussef a fait son choix en faveur du Gripen fabriqué par le suédois SAAB. Un nouveau coup dur pour l'avion de combat français qui n'a toujours pas trouvé preneur à l'étranger.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Franceinfo (Franceinfo)

Pour l'instant, le Rafale équipe uniquement l'armée française. A ce jour, 126 appareils ont été livrés sur les quelques 180 commandés. A raison de 100 millions d'euros l'unité, cela commence à faire une somme rondelette.
Il faut au moins 4 ans pour construire un Rafale. Le temps que Dassault trouve preneur à l'étranger, il faut financer le programme. Ce que fait l'Etat en vertu d'un contrat dont une clause prévoit une renégociation en 2016. D'ici là, il faut assurer. Entre alternances politiques et crise financière, le Brésil ne sera pas l'opportunité tant attendue. Lors de sa récente visite à Dilma Roussef, le Président François Hollande n'avait pas manqué de rappeler les accords qui lient déjà les deux pays dans les hélicoptères de transport militaire ou les sous-marins d'attaque... en vain.


Pourquoi le Brésil a-t-il choisi l'avion suédois ?*

Le coût d'abord. Ce contrat s'élève entre 3 milliards et demi et 4 milliards d'euros et on verra ce qu'il ressort des négociations finales.
Mais comparaison n'est pas raison. Dassault affirme que son appareil est beaucoup plus sophistiqué (ce qui est vrai) et donc nettement plus cher : 100 millions d'euros l'unité contre une quarantaine pour le Gripen.
L'entretien ensuite, moins cher (les coûts de maintenance sont un facteur important).
Enfin, le transfert de technologie pour lequel SAAB serait moins "embêtant".


Donc raisons financières... mais aussi géopolitiques ?*

Sur le plan financier, il est vrai que le Brésil est engagé dans une autre course budgétaire : celle de l'organisation des Jeux Olympiques d'été à Rio en 2016. Le pays ne peut mener plusieurs chantiers lourds de front.
D'autant qu'en matière de défense, le Brésil n'a pas les mêmes contraintes que d'autres pays dans le monde : il n'a pas d'ennemis aux frontières et il est moins engagé dans les grandes opérations militaires internationales.
Enfin, il y a le poids des Etats-Unis. Le F18 américain a lui aussi été écarté de la compétition, mais tout n'est pas perdu pour Washington car le Gripen est composé de beaucoup de pièces américaines dont le moteur Général Electric. Ce qui veut dire que le transfert de technologie est, de toute façon, soumis au congrès américain. L'administration Obama conserve donc un droit de regard dans cette affaire.


Qu'en est il des espoirs du Rafale à l'étranger ?*

Deux gros espoirs : les Emirats-Arabes Unis et l'Inde. Les Emirats ne sont pas pressés car déjà équipés de Mirage 2000-9 performants (également de Dassault) et puis de F-16 américains dernier cri. Ils prennent donc leur temps pour négocier.
Avec l'Inde, c'est différent. L'urgence opérationnelle est plus forte. Le Rafale avec l'Inde, c'est comme le Gripen avec le Brésil : nous sommes dans la phase des négociations exclusives et le plus gros des discussions porte sur le transfert de technologie. Le contrat avec New Dehli porte sur quelque 110 appareils... pour chaque pièce du Rafale, il faut identifier les partenaires locaux capables de fabriquer les pièces correctement. Cela veut dire certifier et sécuriser la partie industrielle pour éviter les déconvenues couteuses et devoir récupérer en urgence le service après-vente. Un travail titanesque.
Mais le jeu en vaut la chandelle. Sur le Rafale, outre Thales et Safran, Dassault fait travailler pas moins de 500 entreprises sous-traitantes... ce sont bien sur des milliers d'emplois.

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