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Tout euro, tout éco. Régions européennes, la fronde des riches.

D’élections en référendum, de référendum en consultation, l’Europe n’en finit pas de voter. Ce week-end, c’est l’Italie qui s’y colle avec un référendum en Lombardie et en Vénétie. Un référendum autorisé celui-là, pas comme en Catalogne. Ce référendum porte sur l’autonomie des provinces italiennes, pas sur l’indépendance, mais quand même!

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Place Saint Marc , Venise (MINT IMAGES / MINT IMAGES)

Ce désir d'autonomie

Souvenez-vous, c’est l’Ecosse qui a ouvert le bal pour finir par rester au sein du Royaume uni. Le scénario est toujours le même : une province riche qui en a marre de trop payer à l’Etat central pour que l’argent soit redistribué aux plus pauvres.

Le mot solidarité en Europe se perdait  jusqu’ici entre pays européens, désormais ce sont les régions qui l’oublient au sein même de leur propre nation.

L’Ecosse, c’est 10 % du PIB du royaume Uni, la Catalogne 20 % de celui de l’Espagne, la Lombardie et la Vénétie, carrément un quart du PIB italien.

Ces régions, fers de lance économique de leur pays n’ont qu’une idée en tête, s’en distancier ou bien prendre le large. La Lombardie et la Vénétie, elles aussi trouvent qu’elles donnent trop d’argent à Rome, elles en ont marre de payer pour le mezzo giorno et voudraient plus d’autonomie. Mais là, on ne parle pas d’indépendance.

Dans le contexte du référendum catalan

L’Europe commence à se faire peur avec ces velléités de sécession qui se multiplient.

Le scénario du Brexit qui s’étendrait aux régions, affole : c’est comme si l’Europe se détricotait de l’intérieur. Et derrière cette volonté de détricotage se cache l’autre démon de l’Europe, la montée de l’Extrême Droite. Car la Lombardie et la Vénétie ont toutes deux, à leur tête, un gouverneur appartenant à la Ligue du Nord. On pourrait presque faire le parallèle avec UKIP et le Brexit. Cela dit, même le maire socio démocrate de Milan est favorable à ce référendum qui, en cas de victoire du "oui", pourrait remettre en cause les 70 milliards versés chaque année à Rome pour alimenter un Mezzogiorno dont la Ligue du Nord a toujours pensé qu’il gaspillait l’argent. Tant pis si ce même Mezzogiorno doit faire face à la crise des réfugiés qui déferlent sur ses côtes.  

Un référendum contesté

Contesté parce qu’il coûte cher : 50 millions d’euros. Au sein même de la Ligue du Nord, quatre électeurs sur dx étaient sceptiques quant au bien-fondé de cette dépense exorbitante que certains qualifient de gabegie.

Quant aux électeurs italiens dans leur ensemble, un sur deux pense que c’est aux régions elles-mêmes, de renégocier leurs rapports avec le pouvoir central  en ce qui concerne leur rôle, leurs ressources et l’étendue de leur pouvoir.

En tout cas, personne ne s’y trompe en Italie, cette consultation a valeur de test politique pour une Ligue du Nord qui rêve de damer le pion à la droite traditionnelle aux prochaines législatives ; elles devraient avoir lieu au printemps.

Mais ce test électoral qui survient trois semaines après la Catalogne et une semaine après les élections autrichiennes, va être surveillé de très près par l’Europe qui  craint de perdre non seulement ses régions les plus riches mais aussi sa modération politique et son sens de la démocratie.

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