Cet article date de plus de sept ans.

Tout euro, tout éco. Macronmania bruxelloise

La Macronmania a aussi contaminé l’Europe. 

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Arrivée du président français Emmanuel Macron au sommet européen de Bruxelles du 22 juin 2017 (VIRGINIE NGUYEN HOANG / HANS LUCAS)

L’arrivée au pouvoir du président français signe le retour de la France en Europe et même de l’Europe sur le continent. Mais ça n’est pour l’instant qu’un engouement qui pourrait prendre fin à l’automne, après les élections allemandes.

Et l’Europe revient de loin

Il y a un an, la Grande-Bretagne avait décidé de tirer sa révérence et l’élection de Trump semblait montrer que le repli sur soi était une tendance largement partagée dans le monde. Aujourd’hui, Theresa May a dû remballer son Brexit dur et son ton péremptoire en perdant la majorité aux législatives. A Theresa May affaiblie, s’ajoute la défaite des populistes néerlandais et français comme Marine Le Pen. Pire encore pour leurs partisans, c’est un jeune président iconoclaste qui leur vole la vedette en prêchant pour une Europe qui protége. Un discours tourné vers l’avenir qu’on n’avait pas entendu depuis longtemps. Macron est –il l’avenir de l’Europe? Pour l’instant en tout cas, il l’incarne.

Tout reste à faire

Tout reste à faire, à commencer par l’assainissement des comptes publics et la réforme du marché du travail que Bruxelles demande à la France depuis 6 ans maintenant. Faire passer le déficit sous la barre des 2 % on le sait, ce sera une gageure d’autant que le gouvernement Hollande a engagé des dépenses sur l’avenir. Quant à la réforme du marché du travail, on sait qu’elle est en marche, si je puis dire et qu’elle sera sans doute votée cet été par ordonnance. Ce qui ne suffira pas à sa mise en œuvre. Rien ne laisse présager pour l’instant de ce qui va se passer dans la rue à la rentrée. Pour l’instant, comme les français, les européens sont fascinés par ce président, sa jeunesse et son coup de torchon dans le personnel politique. Mais il ne faut pas oublier qu’à l’heure où l’on parle, rien n’a encore vraiment commencé.

Des idées qui fâchent

Limiter le détachement des travailleurs européens à un an est une de ces idées qui fâchent. La directive, en cours de révision, cause une fracture Est-Ouest très importante comme la limitation des investissements étrangers en Europe. Autre idée qui pourrait fâcher : la réorganisation de la zone euro. Car, même si Merkel à l’air d’acquiescer, en Allemagne, le contrôle des finances publiques, c’est le Bundestag. Un gouvernement et un budget de la zone euro qui lui échapperaient, vont forcément déclencher une levée de boucliers. Seul sujet consensuel, la défense car avec le départ de la Grande-Bretagne, seule la France peut essayer de construire un embryon de défense européenne. Et bien sur la sécurité et la lutte contre le terrorisme quand Macron parle de protéger les frontières de Schengen et propose la surveillance coordonnée du net.

Une esquisse de projet européen ?

L’Europe est sous le charme, surprise par la façon dont Macron a bousculé la France, surprise aussi de voir comment il a remis le projet européen au goût du jour, et réveillé le couple franco-allemand endormi depuis plus de 5 ans. Mais d’ici à la fin de l’année, l’Allemagne aura un nouveau gouvernement. Merkel, probablement réélue, n’aura plus besoin de faire de la  surenchère sur son adversaire, le très européen Martin Schulz, Avec sa politique du doigt mouillé, elle pourrait alors infléchir son discours et mettre fin à la lune de miel. Sauf à ce que Macron lui offre, clef en main, un projet européen qu’elle-même n’a jamais su dessiner.

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