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Tout euro, tout éco. Macron à Athènes, après Jupiter... Socrate

C'est depuis la Grèce, où le concept de démocratie a été élaboré, qu'Emmanuel Macron a lancé cette semaine son projet de refondation de l'Europe. 

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Macron à Athènes , le 7 septembre 2017 (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le discours d'Emmanuel Macron cette semaine à Athènes, centré sur un projet dont l'union a bien besoin, ne fait pas l’unanimité.

Oh que non ! Il faudra attendre les élections allemandes, la nouvelle coalition et le nouveau gouvernement pour que quelque chose se passe en Europe. Néanmoins le discours de Macron a le mérite d’exister. Ce nouveau Socrate qui veut accoucher d’une Europe refondée a fait une campagne très européenne, ne l’oublions pas. 

Le sentiment pro-européen reprend des couleurs dans les opinions. C’est le moment  de définir les contours de cette "Europe qui protège" dont il avait fait son étendard. Depuis l’élection de Trump, le Brexit et la montée des nationalismes aux Pays-Bas, en Autriche, en France et même en Allemagne, montée endiguée jusqu’ici, l’Europe s’est fait peur et sait qu’elle doit se réformer.  

L’arlésienne de l’allègement de la dette grecque

Macron est arrivé à Athènes avec un message d’amitié. Et quel message ! Il a non seulement salué les réformes d’une Grèce qui renoue avec la croissance mais aussi plaidé pour un allégement de la dette grecque et dénoncé le recours au FMI tant demandé par l’Allemagne pour ne pas payer seule la facture. Du pain bénit pour le gouvernement grec qui en rêve. Mais jusqu’ici l’Allemagne, la plus concernée par cette dette, n’a rien voulu savoir.

Néanmoins ce plaidoyer n’est pas gratuit, puisqu’Emmanuel Macron s’est déplacé avec le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, et de nombreux grands patrons français. La France représente 10% des investissements étrangers en Grèce et, dans le nouveau programme de privatisation, n’a pas l’intention de laisser la place à la Chine et l’Allemagne qui se sont déjà partagé largement la dépouille grecque. La presse ne s’y est pas trompée. Le journal des Rédacteurs titrait à propos du président français "Lefta, c’est moi", c’est-à-dire "L’argent, c’est moi ! "      

Froisser les susceptibilités ?  

En affirmant que la zone euro devait sortir d’une guerre civile interne, Emmanuel Macron a remis sur le tapis une zone euro davantage intégrée, c’est-à-dire avec de la solidarité, un vrai budget et un ministre des finances. Une vision bien plus proche de la vision portée par l’Italie que de la vision allemande. Car si la chancelière, campagne électorale oblige, semble s’être assouplie sur une éventuelle révision des Traités et un budget de la zone euro, son actuel ministre des finances, Wolfgang Schäuble, envisage seulement d’utiliser le MES, Mécanisme Européen de Stabilité, prévu pour faire face à la crise, pour booster les investissements, autrement dit, garantir des dépenses mais ne rien débourser.

La chancelière, si elle a su gérer les crises en bonne mère de famille, semble n’avoir aucune vision de l’avenir de l’Union. Tout dépendra donc des alliances qui vont se nouer à Berlin pour gouverner, et de qui tiendra les cordons de la bourse. Influer sur la politique allemande, en tout cas, est illusoire.

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