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Tout euro, tout éco. L’Europe tire les dépouilles de la Grande-Bretagne à la courte paille

C’est un jeu de poker menteur qui débute à la fin de ce mois et qui trouvera son épilogue à la fin de l’année. 

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le siège de l'Autorité Bancaire Européenne ( EBA) et son chef Adam Farkas, le 23 mars 2017, sur Canary Wharf, à Londres (ALICE DORE / AFP)

Les agences européennes situées sur le sol britannique vont devoir être rapatriées en Europe

Et de nombreuses capitales se les disputent au point que la commission a dû jouer les arbitres. Le jeu de poker menteur qui débute à la fin de ce mois trouvera son épilogue à la fin de l’année. 

On pourrait bien assister à ça dans les mois qui viennent : Amsterdam, one point, Francfort, three points, Paris, two points, car c'est une sorte d’Eurovision de l’agence européenne qui va se jouer dans les six mois qui viennent. La commission a établi six critères récompensés par système de points qui permettra d’attribuer à d’autres capitales européennes le siège de ces agences situées encore aujourd’hui sur le sol britannique. Il s’agit de l’Agence Européenne du Médicament et de l’Autorité Bancaire Européenne.

Les dossiers sont à déposer à la fin du mois et les candidatures présentées en octobre pour un vote en Conseil européen au mois de novembre avant le Brexit prévu en mars de l’année suivante. L’automne va être sportif

Trop de candidats 

Tout le monde veut compter en Europe, avoir son agence européenne pour soi tout seul. Par exemple, Lille, Barcelone, Milan, Dublin, Amsterdam, Copenhague et Stockholm se disputent l’Agence Européenne du médicament. Cela représente plus de 800 emplois qui seraient relocalisés sur le continent, ça compte !

Et pour l’Autorité Bancaire, la guerre fait rage entre Francfort, siège de la BCE ainsi que de nombreuses grandes banques européennes, et Paris qui voudrait à son tour compter comme centre de la finance de l’euro zone, mais d’autres villes comme Amsterdam et Dublin ont aussi levé le doigt. La commission insiste pour que ces relocalisations soient décidées sur la base d’un consensus que garantirait le système de points. En plus du Brexit, inutile de donner le spectacle d’une bagarre européenne sur la dépouille fumante du Royaume Uni. Ça, ce n’est pas gagné.

Éviter de se déchirer

Ce dispositif a été imaginé pour éviter de se déchirer et notamment pour apaiser les pays de l’Est de l’Europe et leur laisser leur chance, mais déjà Paris et Berlin le contestent car, selon les deux capitales, ça ne fonctionnera pas, il faudrait d’autres règles. Bref, la bagarre pourrait bien avoir lieu quand même. Car le système mis en place est assez bizarre.

En plus des 6 critères qui détermineront les candidatures intéressantes, les pays voteront donc en conseil européen, d’abord pour eux-mêmes s’ils sont candidats - il y a 22 candidats en tout - puis pour ceux qui semblent avoir le moins de chance. Ce qui donne à la décision finale un caractère très artificiel et peu légitime. Bref, l’Europe va montrer son embarras à prendre sa première décision d’après Brexit et montrer surtout combien elle est douée pour se tirer une balle dans le pied.

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