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Après le Brexit, l'Espagne et le Portugal en ligne de mire

Comme si le Brexit ne suffisait pas, la commission européenne pourrait décider la semaine prochaine de sanctionner le Portugal et l’Espagne car les deux pays n’ont pas assez maitrisé leur déficit dans le budget 2015.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
  (Commission européenne © Maxppp)

Et après le Brexit, ça tombe très mal. Le Portugal a affiché 4,4 % de déficit en 2015 contre 2,7 attendus. L’Espagne 5,1 au lieu de 4,2 promis à la Commission. C’est clair, ça dépasse les promesses de maîtrise du budget faites par les deux pays et bien entendu les critères de Maastricht.

Le pacte de croissance et de stabilité est clair. Dans ce cas-là, il faut sanctionner. La Commission avait pourtant fait montre d’indulgence il y a quelques mois vis-à-vis de l’Espagne, pour ne pas ajouter à la crise politique, l’Espagne est sans gouvernement et vis-à-vis du Portugal tout juste sorti de l’assistance respiratoire européenne, dont le gouvernement de gauche n’est pas vraiment proche de la pensée bruxelloise. Difficile d’échapper aux sanctions ce coup-ci. Les conséquences seraient rudes : cela coûterait aux deux pays quelques 0,2 points de PIB et le gel des fonds européens de développement.

Après le Brexit, l’Europe gendarme ?

Normalement, elle le devrait, les règles sont les règles comme le disent les Allemands. Mais après le Brexit, l’Europe qui sanctionne, ce serait du plus mauvais effet. Après le Brexit, le débat sur les erreurs de l’Union, notamment en matière d’austérité, est dans tous les discours. L’austérité est au cœur de ces débats. L’Espagne n’a pas plus de gouvernement aujourd’hui qu’hier et rentrer dans les clous lui demanderait un effort de quelque 8 milliards alors qu’elle aussi commence tout juste à respirer.

C’est le Conseil européen c’est-à-dire les chefs d’États et de gouvernement qui trancheront sur ces éventuelles sanctions. Mais rien ne dit à ce stade que l’austérité sera remise en cause. Au vu des divisions européennes, les deux pays pourraient passer au travers si les pays du Nord prennent conscience que l’Europe doit ne plus être celle qui punit. On n’y est pas encore.

Alléger la politique d’austérité ?

Alléger les politiques d’austérité, c’est ce que souhaiterait une majorité de pays du Sud dont l’Italie. La France, d’ailleurs ne sera pas non plus dans les clous en 2017 car les dépenses engagées aujourd’hui ne permettront pas d’atteindre les 2,7 % de déficit demandés. Sera-t-elle punie à son tour ?  En tout cas, le ministre des finances allemand Wolfgang Schäuble, préparerait un projet post-Brexit avec des règles encore plus strictes en zone euro, comme une fuite en avant.

Réinventer l’Europe avec un couple franco-allemand si divergeant, ça va être compliqué. Entre une Grande Bretagne qui ne clarifie pas les choses, et des Européens plus que divisés sur l’après Brexit, et des populismes qui montent, où va-t-on, c’est la grande question.

Le pire, c’est-à-dire, l’immobilisme semble déjà se dessiner, du moins jusqu’au prochain sommet de la mi-septembre. Ajouter une crise à la crise du Brexit, en infligeant des sanctions à l’Espagne et au Portugal, ce serait se tirer une autre balle dans le pied. Mais en Europe on n’est jamais à l’abri du pire.

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