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Calixthe Beyala : "J'aimerais remplacer Abdou Diouf à la francophonie"

Calixthe Beyala, romancière française d'origine camerounaise, traduite en dix langues, a démarré par un coup d'éclat à 23 ans seulement, avec C'est le soleil qui m'a brûlée. Elle a reçu le Grand prix du roman de l'Académie française pour Les Honneurs perdus publié en 1996, et le grand prix de l'Unicef pour la Petite fille du réverbère. Elle revient au roman classique avec Le Christ selon l'Afrique, chez Albin Michel.
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
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Calixthe Beyala se présente comme une chrétienne animiste. "Les Chrétiens ont fait semblant de lutter contre les animistes parce que eux-mêmes sont des animistes. Les animistes croient en dieu dans chaque chose, et les Chrétiens ne sont pas contre puisqu'ils disent que c'est Dieu qui a tout fait. "

Le Christ selon l'Afrique se passe au Cameroun, dans les bidonvilles. C'est l'histoire d'une jeune fille à qui l'on propose d'être mère porteuse, mais à l'Africaine. "C'est quelque chose de naturel en Afrique. Aucune femme ne saurait être sans enfant. Quand on constate qu'une femme n'a pas d'enfant dans une famille, une autre femme est déléguée pour lui faire un bébé. "

C'est une sorte de gestation pour autrui, mais Calixthe Beyala n'aime pas la façon dont "c'est présenté en occident. Le côté médicalisé me gène, le côté loi me gène un peu parce que l'amour doit se donner. C'est naturellement que si quelqu'un n'a pas d'enfant je peux lui dire de prendre un enfant de ma famille pour être heureux chez lui. "

Les minorités visibles à la télévision

Calixthe Beyala n'est pas pour rien dans l'arrivée de minorités visibles à la télévision. En 1998, elle a porté plainte contre le CSA et le gouvernement français devant l'absence de Noirs à la télévision.

"On peut constater que cela n'a pas changé vraiment, " même si l'on voit de plus en plus de femmes de couleur à la météo. "Cela fait du noir exotique. Il y en a une qui m'a dit qu'on lui demandait de parler de sexe dans des émissions, et qu'elle avait refusé. C'est une fille qui a fait de grandes études et qui aurait voulu parler de mathématique, de philosophie ou de littérature. Mais on lui a demandé de parler de sexe. Elle est venue me voir pour en pleurer presque. "

Accusations

En 1996, Calixthe Beyala a été condamnée par le Tribunal de grande instance de Paris pour contrefaçon, parce que son Le petit prince de Belleville était une copie partielle de Quand je m'étais cinq ans je m'ai tué . "C'est Albin Michel qui m'avait demandé de ne pas faire appel. J'étais très jeune et je ne connaissais pas les codes de la société dans laquelle je vivais. "

Ensuite, il y a aussi l'affaire du plagiat des Honneurs perdus . En 1996, Pierre Assouline, à l'époque patron de la revue Lire , a retrouvé des similitudes troublantes avec le roman La route de la faim de Ben Okri, pour ne pas dire des copié/collé. Il a publié un long article, très documenté, avec les textes en regard les uns des autres. Calixthe Beyala s'est défendu de ces accusations, elle a même signé une tribune dans le Figaro .

"Le traitement du Petit prince de Belleville et des Honneurs perdus n'est pas le même. Autant je peux comprendre un tribunal, cela n'a pas été fait avec de la haine. Pierre Assouline sera démenti par l'auteur lui-même, par l'éditeur, il y a eu des communiqués de presses des avocats d'Albin Michel, de Ben Okri pour dire qu'il n'y avait aucune similitude. Néanmoins, il a continué et il s'est vanté d'avoir tué ma carrière littéraire. "

La francophonie

Calixthe Beyala aimerait être sercrétaire générale de la francophonie. "Je suis quelqu'un qui a un monde dans sa tête. Un monde où il n'y a plus de frontière, où il y aurait un seul passeport pour tous les francophones. Ce qui nous rapproche le plus c'est la langue et on devrait battir un univers francophone. "

"J'aimerais remplacer Abdou Diouf à la francophonie en 2014. Je l'ai demandé à Hollande et il a dit oui. J'espère qu'il va tenir parole sinon je vais me fâcher. "

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