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Anne Nivat : "Les guerres, je veux continuer à les couvrir"

Journaliste, grand reporter, reporter de guerre et surtout Prix Albert Londres en 2000, Anne Nivat est l’invitée de Philippe Vandel dans "Tout et son contraire".

Article rédigé par franceinfo, Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Anne Nivat, grand reporter.  (FRANCK FIFE / AFP)

Anne Nivat vient de publier chez Fayard : Dans quelle France on vit. Ce n'est pas une question, c'est une affirmation. Loin de l’Afghanistan, l’Irak ou la Tchétchénie. Elle s‘est installée à Evreux, Laval, Montluçon, Laon, Ajaccio, Lons-le-Saunier. Dans chaque ville, elle est restée trois semaines en habitant chez les gens. C’est sa méthode de travail pour recueillir les meilleurs témoignages. Récit à la première personne, peu d'impressions personnelles, énormément de citations de vos interlocuteurs.  

Scrupuleusement, en toute honnêteté, je retranscris ce que ces femmes et ces hommes m'ont dit. Certains de leurs propos vont sans doute choquer

Anne Nivat

à franceinfo


Dans ce livre, il y a des personnages incroyables qui, pour certains, "ont insisté parce qu'ils avaient l'impression que ce livre allait les aider à exister." Par exemple, un immigré marocain prénommé Mouad qui serait prêt à donner sa chance au FN si seulement il avait le droit de vote parce qu’il pense qu’il y aura davantage de travail avec elle.

Elle y rapporte aussi le témoignage d'Hassan à Evreux "qui dit qu’il n’a pas peur de l’arrivée de Marine Le Pen au pouvoir pour donner un grand coup de pied dans la fourmilière." "C’est souvent entre immigrés, la dernière vague à arriver n’est pas tellement aimée des précédentes", constate Anne Nivat. 

Capturée par l'ex KGB 

Anne Nivat a obtenu le prix Albert Londres en 2000 pour son livre Chienne de guerre, une femme reporter en Tchétchénie. Elle a cru mourir  plusieurs fois sous les bombes puis elle a été arrêtée par les Russes. On la prend pour une espionne.  En France, on est sans nouvelles d’elle pendant une semaine. Ça fait alors les titres des journaux. "Quand j'ai été interrogée par les types du FSB, donc de l'ex KGB russe, il y avait la télé en fond sonore et là, commence une émission avec l'intervieweur star en Russie et il ouvre sur moi et ma disparition, raconte Anne Nivat. Et il avait envoyé des reporters là où se trouvent mes parents et ils les avaient interviewé en Russe." Un reportage qui a servi les intérêts de la reporter. "Les gars du FSB m'ont dit : 'tu quittes les lieux, demain on te remets dans un avion'" ajoute-t-elle. 

Ces aventures professionnelles, Anne Nivat en est particulièrement fière. Sur son profil Twitter, elle se présente d'ailleurs comme "Reporter de guerre indépendante, en Afghanistan, Irak et Russie". En revanche, la photo n’est pas celle d'une journaliste en immersion. Elle est en basket, mini-short, brassière orange qui laisse voir son ventre très plat. Il y a aussi sa photo Instagram ou elle se présente avec un gros plan sur son ventre en tablettes de chocolat. Elle dit l'avoir choisie pour faire parler : "Je savais que ça allait faire du buzz, pour aller à l’encontre des idées reçues et puis je ne vais pas non plus m’excuser d’être à mon âge en pleine forme, d’aimer le sport, de boire de l'eau, de faire du Pilate … " Professionnellement, malgré le danger, Anne Nivat entend toujours faire du reportage. "Les guerres, je veux continuer à la couvrir" conclut-elle. 

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