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Reporter en haute mer

En haute mer, dans les endroits les plus reculés, se jouent des enjeux environnementaux et économiques, une vraie ligne de front invisible. Le grand reporter Lucas Menget rentre d’une mission au large de la Réunion.
Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Frégate de surveillance, "Le Nivôse", en patrouille dans l'océan Indien. (LUCAS MENGET / RADIO FRANCE)

Le plastique, les dégâts de la pêche, le réchauffement climatique ne sont pas les seules agressions que subit l’océan. Les Etats et des firmes privées cherchent à exploiter les ressources minières, quitte à dégrader l’écosystème. Au grand large, se joue donc une guerre économique dont on parle peu. Lucas Menget rentre d’une mission à bord de la Frégate, le Nivöse.

"C’est une véritable ligne de front". Le grand reporter Lucas Menget, familier des zones de conflit, n’use pas de cette sémantique guerrière à la légère. Rentrant d’une mission à bord de la frégate française, Le Nivôse, un bateau de guerre, navire militaire de chasse, de surveillance, dont le port d’attache est la pointe des galets sur l’Île de la Réunion et qui patrouille dans l’océan Indien pour surveiller les zones maritimes françaises, le journaliste a découvert une mission essentielle dans un contexte géopolitique et environnemental tendu.

Comme l’écrit Lucas Menget dans la revue annuelle Lattitude Mer, publiée aux Équateurs, "le cahier est le témoin de l’humanité dans l’océan". Le cahier du reporter et celui du commandant de bord qui note tous les détails pour la postérité. Et les missions à venir. Les fonds connus pour être raclés par les pêcheurs qui usent de pratiques illégales sont aujourd’hui dans le viseur d’intérêts économiques.

À Kingston, en Jamaïque, où siège l’Autorité Internationale des Fonds Marins – l’entité maritime de l’ONU – les débats portent sur l’exploitation minière des fonds marins. D’un côté, les scientifiques et les écologistes, de l’autre, de puissants groupes miniers aux moyens illimités, qui poussent les Etats à extraire des fonds marins les métaux rares indispensables à la fabrication de batteries : cobalt, cuivre, nickel. Un eldorado financier et d’opportunité économique.

Nous ne savons rien de cet écosystème

Les scientifiques commencent à peine à l’étudier. Comme l’indique Camille Etienne, "la surface de la lune a davantage été cartographiée que le fond de l’océan". Et si ces profondeurs ont toujours soulevé l’imaginaire de la littérature et les projets les plus ambitieux des explorateurs, il n’existe aucune assise scientifique sur le sujet. Personne ne peut prévoir ce que de tels forages pourraient engendrer.

Un dauphin, devant la frégate de surveillance, "Le Nivôse", en patrouille dans l'océan Indien. (LUCAS MENGET / RADIO FRANCE)

Ce sujet est pourtant effleuré dans l’actualité, et les reportages de terrain difficiles à monter. Sauf à couvrir les débats de Kingston et se rapprocher des océanographes. Quelques reporters tentent ce travail de sensibilisation, mais comme le souligne Lucas Menget, notre relation à l’océan est encore trop romantique. L’image des couchers de soleil, d’une nature vivante et grondante, le surf sur les vagues.

Et pourtant, le réchauffement, les plages grignotées du littoral Atlantique, tout nous révèle l’état d’urgence absolue. Et il faut en finir avec l’idée reçue qu’il peut tout absorber de par son immensité. L’écosystème se dégrade et des espèces disparaissent, c’est une biodiversité en danger.

Frégate de surveillance, "Le Nivôse", en patrouille dans l'océan Indien. (LUCAS MENGET / RADIO FRANCE)

Les contributions de Lucas Menget sont à retrouver dans l’album de Reporters Sans Frontières Mer et dans la revue annuelle des Équateurs, Latitude Mer, qui vient de paraître.

La revue annuelle "Latitude mer" ( Aventure, Nature, Littérature) vient de paraître aux éditions des Equateurs. (LATITUDE MER / EQUATEURS)

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