Vision Pro : les questions autour du masque ordinateur d’Apple
Le Vision Pro est-il vraiment le masque anti-isolement que promet Apple ? Alors, c’est vrai : quand quelqu’un s’en approche, les yeux et les expressions du haut du visage de l’utilisateur apparaissent sur la face avant du masque, pour permettre l’interaction. De même, la personne qui se présente est intégrée, à l’intérieur du masque pour celui qui le porte, par l’une des 12 caméras.
Pourtant, et même Mark Zuckerberg l’a remarqué : "Dans chaque démonstration faite par Apple, on voit une personne seule, dans un canapé". C’est exact, à l’exception de cet homme qui semble travailler dans un open space professionnel. Il n’empêche : puisqu’il s’agit d’un produit "Pro", à la fois par le nom et par le prix, il est curieux de le présenter principalement en usage à la maison. Et puis, à 4.500 € le masque, tarif probable TTC en France à sa sortie, si, sur le canapé, on ajoute un conjoint et deux enfants, ça n’est pas un masque qu’il faut mais quatre. Autant dire le prix d’une belle voiture, ce qui le met hors de portée du grand public.
Ensuite, on retombe dans la problématique qui avait plombé les télés 3D avec lunettes : personne n’a vraiment envie de regarder un film en famille, en étant chacun dans sa bulle.
Un progrès pour les graphistes ?
A propos de travailler, est-ce que vraiment tout le monde pourra travailler avec ? Pour de la bureautique, oui, d’autant que Microsoft, avec la suite Office, a déjà été cité parmi les éditeurs qui proposeront leur logiciel en version dédiée pour le masque. En revanche, les arts graphiques, la retouche photo, tout ce qui nécessite de la très haute résolution aujourd’hui, dispose d’un confort de travail plus important sur des moniteurs 5K, voire plus, des écrans plats, de bureau, traditionnels. Malgré ses 23 millions de pixels, le Vision Pro risque de ne pas représenter un progrès, en tout cas, en termes de qualité d’affichage. Ce sera évidemment à tester.
Quid des porteurs de lunettes ? Voilà l’une des différences avec les masques notamment de Meta, entre quatre et sept fois moins cher, selon les modèles : impossible de mettre le Vision Pro en gardant ses lunettes. Il faudra donc commander des inserts optiques magnétiques dédiés, créés en partenariat entre Apple et Zeiss : un surcoût probable de 300 à 600 $, selon notre confrère Mark Gurman de Bloomberg. On dépasserait alors les 5.000 € TTC en France. Autrement dit, mieux vaudra porter des lentilles de contact.
Batterie externe au bout d’un fil
Autre question : Apple a été pas mal moqué pour le fil à la patte de son masque, ce câble avec une batterie externe à son extrémité. Pourquoi avoir fait ce choix ? Pendant les presque huit années de développement, ce fut – apparemment – l’un des principaux sujets de débat en interne, entre les partisans d’un tout intégré, et ceux qui préféraient l’option externe.
L’intérêt, en déportant cette batterie, c’est de ne pas ajouter de poids au masque, poids précis qui reste un secret à ce jour. Apple parle d’un peu plus d’une livre, probablement entre 500 et 600g. Le Vision Pro, délesté de sa batterie, pèserait donc plus que le Quest 3, mais moins que le Quest Pro, proposés par Meta. Le poids n’est pourtant pas le seul critère : la manière dont il est réparti compte au moins autant.
Enfin, pourquoi n’a-t-on vu aucune image de Tim Cook avec son masque sur le visage ? C’était pourtant une tradition, chez Apple, depuis Steve Jobs avec le Mac, l’iPod, l’iPhone puis l’iPad. Tim Cook l’avait perpétué avec le lancement de l’Apple Watch, en 2014, qu’il portait fièrement au poignet.
Dans le cas du Vision Pro, c’est la première fois qu’un patron d’Apple ne brandit pas ou ne porte pas ce qui est pourtant présenté comme un produit révolutionnaire, assurément de rupture. Tim Cook s’est contenté de poser à côté du masque pour la photo “officielle“ comme s’il avait du mal à l’assumer, et sans doute pas mal d’autres questions à résoudre avant son lancement, aux États-Unis uniquement dans un premier temps, début 2024.
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