OpenAI a-t-il clôné la voix de Scarlett Johansson malgré son refus pour chatGPT4o ?

OpenAI, l’éditeur de chatGPT, pris en flagrant délit de clonage de voix et pas n’importe laquelle : celle de Scarlett Johansson, l’actrice américaine la mieux payée au monde en 2018 et 2019, inoubliable dans "Lost in Translation" et dans "Her" où elle incarnait une intelligence artificielle avec sa voix.
Article rédigé par Benjamin Vincent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
"her", le contenu du message posté sur le réseau X (ex-Twitter) par Sam Altman, CEO d'OpenAI, en référence à son film préféré - avec la voix de Scarlett Johansson - et probablement à la voix utilisée pour Sky, l'assistant vocal de chatGPT4o que l'entreprise dévoilait au même moment. (X)

“Her“, c’est justement le contenu de ce tweet en trois lettres qui pourrait coûter à OpenAI des millions de dollars en justice : un message daté du 13 mai dernier, signé Sam Altman, le PDG d’OpenAI, l’éditeur de chatGPT. Au moment où il le publie, l’entreprise est en train de dévoiler chatGPT4o, la nouvelle version capable de discuter avec l’utilisateur, grâce à un assistant vocal baptisé “Sky“. Une voix dont les amis mêmes de Scarlett Johansson, a-t-elle expliqué, ont cru qu’il s’agissait de l’actrice américaine.

“Her", le film préféré de Sam Altman

Alors oui, il pourrait s’agir d’une coïncidence. Mais “her“, tweeté par Sam Altman, est aussi son film préféré, comme il le reconnaissait lui-même en septembre dernier. Et puis, dernier détail : après avoir entendu la fameuse “Sky“, la vraie Scarlett Johansson, choquée et en colère, a aussi révélé avoir décliné une proposition de Sam Altman, en septembre dernier, pour devenir la voix officielle de chatGPT. D’où les soupçons de clonage intentionnel, sans le consentement ou pour être précis, malgré le refus de l’actrice.

Que risque OpenAI, en justice ? Beaucoup d’argent selon les avocats à Hollywood, même s’il n’existe pas de législation fédérale commune sur le sujet. Néanmoins, en Californie, où le siège d’OpenAI est installé, la loi protège le nom, l’image et la voix de chacun, contre un usage commercial ou promotionnel, sans son accord. Et le concept va relativement loin.

Scarlett Johansson a déjà saisi ses avocats

En 1988, Bette Midler avait poursuivi Ford pour avoir engagé l’un de ses choristes et lui avoir demandé de chanter “comme avec elle“. Tom Waits, aussi, a poursuivi le fabricant des biscuits apéritif Doritos, pour avoir demandé à un chanteur de chanter comme lui dans une publicité.

Deux jugements qui font jurisprudence aujourd’hui, à l’ère de l’IA et du clonage de voix. Beaucoup d’argent aussi, parce que Scarlett Johansson a la réputation de défendre ses droits : on l’a vue au moment de la sortie de Black Widow face à Disney. Dès lundi, elle demandait d’ailleurs à ses avocats d’intervenir.
 
Quant à Sam Altman, selon le patron d’OpenAI, il n’a jamais été question que la voix de chatGPT4o ressemble à celle de Scarlett Johansson. Le choix de celle qui a effectivement prêté sa voix aurait d’ailleurs eu lieu, avant la prise de contact avec l’actrice de Her. Deux arguments difficiles à croire, et qui remettent le consentement au centre du débat. L’éventuel procès s’annonce passionnant.

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