Nouveau monde. Apple va-t-il trop loin en supprimant toutes les prises sur ses ordinateurs ?
Coup de gueule de Jérome Colombain contre le fabriquant informatique Apple qui, sous prétexte de vouloir sans cesse innover et améliorer le design de ses appareils, supprime petit à petit tout ce qui dépasse. Au risque de compliquer considérablement la vie des utilisateurs.
Depuis toujours, Apple a été la marque informatique qui a pris le plus de décisions radicales spectaculaires en renonçant à certaines technologies jugées obsolètes. A chaque fois, cela a eu un impact très fort sur l’ensemble de l’industrie high-tech.
18 ans d’innovations
Ainsi, Apple a été le premier à abandonner le lecteur de disquettes (sur l’iMac en 1998). Un choix éclairé, c’est vrai, et toute l’industrie a suivi car la disquette était devenue inadaptée aux besoins de stockage. Puis, ce fut au tour du lecteur de CD (MacBook Air en 2008) et du lecteur DVD (iMac en 2012). Là encore, on peut se dire qu’Apple a vu juste. On pourrait également parler de l’abandon du clavier à touches sur les téléphones au profit de l’écran tactile (iPhone en 2007) ou encore de la suppression de la prise réseau Ethernet (sur le MacBook Air en 2008, puis le MacBook Pro en 2012) devenue, il est vrai, peu utile avec le Wi-Fi.
Trop, c’est trop
Mais aujourd’hui Apple va trop loin. D’abord, il y a eu la suppression de la prise casque sur le nouvel iPhone 7 qui a plongé dans un abîme de perplexité la majorité des utilisateurs. Certes, cette prise datait du 19ème siècle mais, à l’usage, on se rend compte qu’elle est encore largement indispensable aujourd’hui, non seulement pour brancher un casque mais aussi pour connecter toutes sortes d’accessoires comme, par exemple, un micro. Il faut donc utiliser l’adaptateur (fort heureusement fourni gratuitement avec l’iPhone 7). Apple fait également aussi miroiter de super oreillettes Bluetooth, les Airpods, mais celles-ci rencontrent des problèmes d’approvisionnement et ne seront pas disponibles avant l’année prochaine.
Enfin, la goutte d’eau qui fait déborder le vase, c’est la suppression de toutes les prises classiques sur les nouveaux ordinateurs MacBook Pro. Exit les prises USB traditionnelles (au profit de prises USB-C et de ports Thunderbolt, une technologie créée par Apple utilisée quasi-exclusivement par cette marque). Exit, aussi, la prise de recharge (les MacBook se rechargent par n’importe quel port USB-C). Enfin, le plus extravagant à nos yeux, c’est la suppression pure et simple du port SD pour cartes mémoires. Voilà pourtant une prise très utile lorsque l’on possède un appareil photo numérique et même pour étendre la mémoire des MacBook dont la capacité de disque dur est très limitée.
Obsession idéologique
La suppression systématique de toute technologie jugée obsolète est quasiment une obsession idéologique chez Apple. De son vivant, Steve Jobs expliquait "Nous avons le courage de suivre nos convictions. Lorsque nous pensons qu’une technologie ne fait pas partie de ce qu’est un excellent produit, nous la retirons." Apple veut forcer l’industrie high-tech à avancer. Supprimer tout ce qui dépasse ou prend de la place à l’intérieur des boîtiers permet aussi de créer des produits toujours plus fins, aux lignes toujours plus épurées. Enfin, les mauvaises langues diront que tout cela a surtout pour but de vendre des adaptateurs par millions. Ainsi, un utilisateur du nouvel iPhone et de l’un des nouveaux MacBook va se retrouver avec des tas d’adaptateurs, non seulement vendus à prix d’or, mais en plus encombrants, contraignants à transporter (le drame, quand on les oublie !) et particulièrement inesthétiques. L’objectif paraît donc raté en termes de design.
Bref, on se demande si Apple ne pousse pas sa logique un peu loin au point de tomber dans une sorte d’extrémisme high-tech un peu absurde.
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