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Les fantasmes souvent inavoués des femmes

Un sondage IPSOS-Psychologies dévoile comment les femmes vivent leur sexualité en France en 2014. Moins de contraintes, plus d'aisance et de liberté. Le point avec Christilla Pellé-Douël, de Psychologies magazine.
Article rédigé par franceinfo
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Les femmes se sont approprié une vraie liberté de parole, un naturel pour aborder les questions concernant leur sexualité. Elles disent à plus de 97% avoir le sentiment de pouvoir parler de leurs désirs sexuels sans tabous, quel que soit leur âge et quelle que soit leur situation sociale. C'est une avancée remarquable, il y a 50 ans, il était au mieux difficile, au pire impossible d'aborder ces sujets pour les femmes. L'interdit social et religieux pesait lourd sur la parole des femmes. Ce voile-là est levé.

Si elles parlent facilement, il y a un sujet qu'elles abordent plus difficilement avec leur partenaire, c'est celui de leurs fantasmes. Ce n'est pas parce que la parole est plus libre que tous les tabous sont tombés. Elles pensent que les fantasmes sont le domaine des hommes, qui les réaliseraient plus souvent qu'elles. Ce qui est amusant c'est qu'il s'agit d'un véritable fantasme, comme l'explique le psychothérapeute Alain Héril : "L'inconscient collectif féminin est encore imprégné de l'idée que le fantasme est masculin. Pourtant les femmes en ont, bien sûr mais elles ne veulent pas y accéder". Pour la psychanalyste Sophie Cadalen, "les femmes surestiment la capacité des hommes à parler de leurs fantasmes ."

Assumer ses fantasmes

Elles sont 47% à souhaiter avoir des relations sexuelles plus fréquentes, et ce pourcentage atteint 61% chez les jeunes femmes de 18 à 24 ans ! Pourtant, la contradiction est intéressante, puisqu'elles sont 50% à dire ressentir du plaisir. Pour Catherine Blanc, psychanalyste et sexologue, ces chiffres seraient surtout révélateurs des normes, du discours social qui imposerait une sexualité fréquente comme synonyme d'une sexualité épanouie. Or, cela n'a rien à voir : la sexualité est surtout l'expression d'un désir, de la rencontre de deux élans. Si cela n'est pas au rendez-vous, l'épanouissement n'est pas forcément là.

Atteindre l'abandon

Plus de 30% voudraient avoir davantage confiance en elles ! Cela peut sembler étonnant, lorsqu'on parle de sexualité, on pourrait penser qu'elles attendraient davantage de leur partenaire, mais non, c'est d'elles-mêmes qu'elles parlent.

Pour Sophie Cadalen, c'est justement l'abandon, le renoncement à une parfaite confiance en soi, qui nous permet d'atteindre le vertige. Autrement dit, il ne s'agit pas d'atteindre des buts, de se muscler en quelque sorte, mais bien plutôt d'accueillir la possibilité de basculement, de l'abandon. C'est dans ces moments de vérité que peut surgir la vraie révolution sexuelle. D'ailleurs, la psychanalyste conclut en disant que les femmes sont encore régies par des "clichés, des automatismes. Mais des hésitations sont le signe d'une relation plus équilibrée avec leurs partenaires. "

  • Femmes épanouies,* d'Alain Héril, chez Payot en 2012.

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