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Micro européen. L’après Merkel sera-t-il masculin ou féminin ?

En vue des élections fédérales allemandes de septembre prochain, deux partis sortent du lot, les conservateurs CDU-CSU et les Verts (die Grünen), bien éloignés des Verts français.

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
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1er mai 2021. Potsdam, capitale du Land de Brandebourg située près de Berlin. La candidate verte Annalena Baerbock en bonne position pour les prochaines élections fédérales de septembre en Allemagne.  (JORG CARSTENSEN / DPA / AFP)

Le 26 septembre prochain verra la victoire, peut-être, d’un chancelier, le terne conservateur Armin Laschet très "Merkel compatible", ou d’une chancelière, la verte Annalena Baerbock, jeune femme dynamique de 40 ans, mère de famille, en prise avec la réalité de l’Allemagne, de l’Europe et du monde. En tout état de cause, l’Allemagne de l’après septembre sera dirigé par une coalition Verte-CDU/CSU, avec un autre parti, car les résultats verts-noirs ne seront pas suffisants.  

En tout cas, c’est une grande première pour le parti écologiste, qui va devoir affronter sa propre cohésion au fil du temps. Pour l’heure les verts allemands mènent la course de 1 à 3 points d’avance sur les conservateurs.   

Le désastre du SPD   

Les sociaux- démocrates allemands du SPD sont à l’image du Parti socialiste français, au minium ensablés, au maximum naufragés. On est très loin aujourd’hui du Parti de Willy Brandt, d’Helmut Schmidt, d’Oskar Lafontaine et de Gerhardt Schröder, l’érosion se faisant sentir à l’après Martin Schulz. Aujourd’hui les chances du candidat du SPD Olaf Scholz pour septembre 21 ne sont pas brillantes.   

Une CDU-CSU qui tangue   

Le climat n’est pas non plus au beau fixe pour les conservateurs de la CDU-CSU. Le candidat Armin Laschet n’a pas ravi tout le monde, une certaine majorité était disposée à lui préféré le patron de la CSU bavaroise, le très politique, très dynamique, très pédagogue Markus Söder, homme de poids qui aurait pris plus de place dans la campagne que le trop discret Laschet. Armin Laschet est le ministre-président du land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, et Markus Söder est le ministre-président de Bavière.    

Mais c’était sans compter avec les têtes pensantes et agissantes de la CSU, influencées par Angela certainement, qui contre vents et marées ont préféré Laschet le fidèle, à Söder, le bavarois rebelle, digne héritier du célèbre Franz Josef Strauß. Il n’en reste pas moins que des questions subsistent quant à ce candidat conservateur, qui montre bien qu’Angela Merkel dans ces 16 années de règne a aussi fait le vide autour d’elle, évitant celles qui pouvaient lui faire de l’ombre, Annegret Kramp-Karenbauer, Ursula Von der Leyen, ou le très puissant Friedrich Merz, dont on réentendra parler un jour ou l’autre tant il tient à sa revanche. Il se pourrait que l’avenir conservateur allemand voit s’opposer deux poids lourds, Merz et Söder.   

L’Annalena mania   

C’est un courant naissant en Allemagne, à savoir les différents soutiens à, députée du Brandebourg. Annalena Baerbock est diplômée de la très célèbre London School of Economics, et de l‘Université de Hambourg. Bien entourée, son époux est le consultant et homme d’affaire Daniel Holefleisch, dont la côte commence à bien monter outre-Rhin.  

On est très loin aujourd’hui des Verts allemands révolutionnaires des années 70-80. Ayant participé à de nombreuses coalitions gouvernementales régionales, petit à petit les verts allemands sont devenus mûrs, plus pragmatiques, moins idéalistes et conscients qu’il fallait bien composer dans cette Allemagne très entrepreneuriale et épargnante avec ce qui a toujours fait la puissance du pays, le monde économico-industriel.  

Aujourd’hui l’arbre a sûrement porté ses fruits, puisque le patronat allemand, éternel compagnon de route des conservateurs, d’après le magazine Wirtschaftswoche (la semaine économique) verrait de nombreux "patrons" allemands se tourner vers la candidate verte pour les élections fédérales de septembre 21.   

Un mouchoir de poche   

Enfin, comme l’a précisé notre invité le journaliste Kaï Littmann, trois partis se retrouvent dans un mouchoir, le SPD des sociaux-démocrates avec 13% d’intention des voix, les libéraux 12% et l’AFD, les nationalistes avec 11%. Un de ces trois partis pourrait participer à la nouvelle coalition de septembre 21, surement pas l’AFD, mais qui renforcera son entrée au parlement fédéral le Bundestag.  

Quant à la CDU-CSU, elle connaît son pire score historique, 21%, et les verts 28%, entrant par la grande porte. Et si la chancellerie sera dirigée par Annalena Baerbock, elle sera la deuxième femme à gouverner le pays le plus puissant d’Europe. Donc "un après" au féminin…     

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