Cet article date de plus de six ans.

Raphaël Liogier : "Mon pavé 2018 est contre le regard dégradant des hommes sur le corps des femmes"

L'invité d'Olivier de Lagarde, le sociologue et philosophe Raphaël Liogier, lance son pavé pour changer le regard des hommes sur le corps des femmes. 

Article rédigé par Olivier de Lagarde
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Raphaël Liogier, en 2015. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Raphaël Liogier est sociologue et philosophe. Il consacre son pavé 2018 au regard des hommes sur le corps femmes qu’il considère comme le cœur de l’inégalité. L'éducation pousse inconsciemment les hommes à voir le corps des femmes comme non équivalent au leur. En début d'année, Raphaël Liogier a publié Descente au cœur du mâle aux éditions Les liens qui libèrent.  

Olivier de Lagarde : Vous n’avez pas l’impression que les choses ont beaucoup évolué, notamment depuis 120 ans, et qu’aujourd’hui les femmes ont une place entière dans la société ?  

Raphaël Liogier : Tout s’est passé comme une sorte de spirale. Les femmes ont été systématiquement exclues, elles n’ont même pas eu le droit de vote, elles n’ont même pas eu le droit de propriété. Elles se sont battues pendant deux siècles. Elles ont fini par obtenir l’égalité en droits : premier niveau de la spirale. Ensuite il a fallu appliquer ces droits : deuxième niveau de la spirale, c’est à dire l’égalité économique. Et maintenant il reste le cœur du cœur, c’est le rapport au corps qui, en fait, a justifié toutes les autres inégalités. C'est le cœur de la spirale des droits. 

C’est ce qu’il y a de plus difficile à changer ?  

C’est le plus difficile et c’est la base. C'est la souveraineté sur votre propre corps qui détermine toutes les autres libertés. Les femmes, depuis le néolithique, on va dire 30 000 ans, ont été considérées comme une sorte de capital qui permet d’accumuler du prestige par les hommes. C’est à dire qu’un homme qui, par exemple, couche avec une femme pense qu’il s’approprie quelque chose. On le voit même dans la structure de la langue, il la "possède". Cette accumulation, ce que j’appelle le capitalisme sexuel, construit la virilité de l’homme et en même temps les femmes ont le sentiment qu’elles perdent quelque chose. Or aujourd’hui c’est en train de changer, le grand mouvement #MeToo c’est son vrai sens.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.