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Gérard Miller : "Mon pavé 2018 est pour une presse pluraliste et indépendante"

Cofondateur de la webtélé Le Media, Gérard Miller s'oppose à une concentration de la presse. 

Article rédigé par Olivier de Lagarde
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Gérard Miller, psychanalyste.
 (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Gérard Miller est psychanalyste, écrivain et réalisateur de documentaire. Il est l’un des initiateurs de la webtélé Le Media, qui revendique son indépendance, proche de la France insoumise. 50 ans après Mai 68, Gérard Miller lutte contre la concentration des médias et prône une nouvelle presse plus indépendante et "authentiquement pluraliste". Il publie Mélenchon, Mai oui, aux éditions du Seuil.

Olivier de Lagarde : Vous dites que 90% de la presse est possédée par neuf milliardaires. Il y a pourtant beaucoup de presse de gauche et un pluralisme qui est respecté dans ce pays.  

Gérard Miller : Pour l’instant on n’a pas parlé de savoir si elle était de gauche ou de droite. Je vous dis que les propriétaires, les neuf milliardaires, de Drahi à Bolloré en passant par Dassault ou Bettencourt, possèdent 90% de la presse. Je ne parle pas du service public.  

Mais on pourrait en parler parce que le service public c’est une spécificité française, qui prend beaucoup de place dans l’audiovisuel.  

Mais écoutez quand même l’autre partie de ma phrase : je vous parle du Figaro, de BFM TV, du Monde, de Libération... je ne vais pas faire toute la liste. Il y a des grandes exceptions comme le Canard enchaîné, Mediapart, ou Le Media – qui n’est pas le média de la France Insoumise mais, admettons, proche de la France Insoumise et de quelques personnes de gauche. Si on ne prend pas de mesures légales pour empêcher cette concentration, moi ça m’empêche de dormir de savoir que des marchands d’armes, ou des gens qui sont à ce point impliqués dans les affaires de l’État, possèdent la presse française.  

Le problème c’est que si on empêche les milliardaires de posséder ces journaux, ils risquent fortement de mourir.  

Je n’ai pas cette idée-là. Je pense que les lecteurs peuvent contribuer à faire vivre la presse, je pense qu’un certain nombre d’autres soutiens peuvent exister. Est-ce que vous trouvez normal, par exemple, que Le Figaro, possédé par le milliardaire Dassault, reçoive des aides à la presse ? Il y aurait une répartition des aides à la presse beaucoup plus judicieuse si on n’avait pas l’idée de cette presse concentrée. Concevez que si ces propriétaires-là, qui ne pensent qu’au profit, on investi dans la presse, c’est qu’ils ont un retour sur investissement. Ce retour sur investissement n’est pas financier, donc il est idéologique.  

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