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Pourquoi autant de films américains se passent-ils sur une terre ravagée ?

Souvenez vous : dans Independance Day, la terre était dévastée par des ovnis qui ont détruit toutes les grandes villes du monde. Pourquoi retrouve-t-on la même matrice narrative dans la plupart des superproductions américaines?
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
  (Tornade © Fotolia)

"Je suis une légende"   : un virus décime l’humanité (90 % des humains ont disparu, 9 % sont transformés en mutants, et seulement 1 % est immunisé (dont évidemment Will Smith).

Dans le dernier "Avengers II" (qui a fait un carton), c’est une matrice informatique qui attaque l’humanité.

Justement : pourquoi retrouve-t-on aussi souvent la même matrice narrative dans les superproductions américaines? Les scénaristes d’Hollywood n’aurait-il pas d’imagination?  pas du tout. Ce sont les producteurs qui leur imposent ceci. 

Un peu d’histoire. Autrefois, les superproductions mettaient en scène les bons contre les méchants. (C’est toujours le cas aujourd’hui, notez bien). Sauf qu’autrefois, comme maintenant, les gentils étaient les Américains. Et les méchants étaient, selon les films, les communistes, les Russes, les Chinois, les Japonais, les Arabes, voire telle ou telle dictature d’Europe centrale.

Désormais, ce clivage est impossible. Car les films coûtent trop cher. Et alors vous allez me dire ? Là, ce n’est plus le producteur qui parle, mais le financier. Un blockbuster coûte au bas mot 150 millions de dollars et il est quasiment obligatoire de l’exporter pour le rentabiliser. La mondialisation touche aussi le cinéma. Si vous voulez vendre votre film en Russie, il est impossible que les Russes apparaissent justement comme des traîtres sanguinaires à éliminer d’urgence. Si vous voulez gagner de l’argent au Japon, les méchants ne doivent pas être japonais. Si vous souhaitez exporter en Chine ou dans les pays arabes, le héros du film ne doit s’attaquer ni aux Chinois ni aux Arabes en tant que tels. Et ainsi de suite.

 

Voilà pourquoi ces films mettent en scène un groupe d’humains, de toutes les origines, de toutes les couleurs, pour que chacun puisse s’identifier depuis son territoire national.  Quant à situer son action sur une terre dévastée, cela permet de ne pas reconnaître telle ville, ou tel pays, et donc d’accentuer le caractère universel de l’histoire.

 

Le pionnier aurait été "Mad Max" , sorti en 1976, qui se passe sur une terre désolée —en l’occurrence : le désert— humanité sinistrée par la pénurie quasi-totale de pétrole. Mad Max est une production australienne? Eh bien justement : ce fut le plus gros succès mondial du cinéma australien. Et il a donné des idées au monde entier. À commencer par Hollywood.

Jusqu’à preuve du contraire.

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