Le vrai du faux. Emissions de gaz à effet de serre : le premier quinquennat Macron a-t-il fait "plus de deux fois mieux" que le quinquennat Hollande ?

D'après la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 55 millions de tonnes sous le premier quinquennat d'Emmanuel Macron, quand elles n'ont diminué que de 25 millions de tonnes sous le quinquennat de François Hollande.
Article rédigé par franceinfo, Mathilde Bouquerel
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Temps de lecture : 2 min
La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher à Paris le 13 juin 2023. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Nos émissions de gaz à effet de serre ont beaucoup baissé sous le premier quinquennat d'Emmanuel Macron selon la ministre de la Transition énergétique. Agnès Pannier-Runacher écrit ainsi sur X, anciennement Twitter : "Bilan du mandat du Président Hollande : - 25 millions de tonnes de CO2 (2012-2017). Bilan du 1er mandat du Président Macron : - 55 millions de tonnes de CO2 (2017-2022). C’est plus de deux fois mieux."

Les chiffres que donne la ministre sont vrais. C'est ce que confirme le Citepa, un organisme chargé d'évaluer les émissions de gaz à effet de serre de la France. Sous François Hollande, nous sommes passés de 484 millions de tonnes d'équivalent CO2 en 2012 à 459 millions en 2017. Si l'on soustrait 459 millions à 484 millions, on obtient bien une baisse de 25 millions de tonnes. Et pendant le premier quinquennat Macron, nous sommes passés de 459 millions de tonnes d'équivalent CO2 en 2017 à 404 millions en 2022. Soit, effectivement, une baisse de 55 millions de tonnes.

Pour autant, il n'est pas possible d'affirmer que c'est uniquement un effet de l'action du gouvernement. D'abord, en 2022, les prix de l'énergie ont flambé à cause notamment de la guerre en Ukraine. Les ménages ont donc dû faire des économies sur le chauffage et de nombreuses usines ont aussi dû baisser leur production. Le Citepa précise que le bâtiment (avec le chauffage) et l'industrie manufacturière sont les deux secteurs dans lesquels les émissions de gaz à effet de serre ont le plus diminué entre 2021 et 2022. Près de 14,7% de baisse pour le bâtiment et 6,4% pour l'industrie.

Les réductions d'émissions de gaz à effet de serre pas vraiment évaluables à l'échelle d'un quinquennat

On pourrait aussi penser à un effet du Covid sur le bilan des émissions du premier quinquennat d'Emmanuel Macron. Mais ici, Agnès Pannier-Runacher ne calcule pas le cumul des émissions de CO2 sur toutes les années du premier quinquennat Macron, elle compare simplement les émissions de la seule année 2017 avec celles de la seule année 2022, hors crise sanitaire donc. Il y a peut-être eu un effet du Covid sur les émissions de CO2 de la France en 2022, mais il est compliqué de l'évaluer précisément comme l'affirme le climatologue François-Marie Bréon : "Il est très difficile de savoir ce que les émissions seraient en 2022 s'il n'y avait pas eu cette crise sanitaire."

Au-delà de cela, comparer les émissions de gaz à effet de serre de deux quinquennats n'a en réalité pas vraiment de sens, d'après François-Marie Bréon. Lorsqu'un gouvernement agit pour baisser les émissions de CO2, les effets de ces actions vont être visibles bien plus tard : pas pendant le quinquennat, mais sur la décennie suivante, voire après. Il est donc tout à fait possible que des lois votées sous François Hollande, la loi de 2015 pour la croissance verte par exemple, aient produit des effets sous Emmanuel Macron. Par ailleurs, la France est encore loin de son objectif de neutralité carbone en 2050. Pour y arriver, le Haut Conseil pour le climat estime qu'elle devrait doubler le rythme de baisse de ses émissions.

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