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La France est-elle vraiment en déficit depuis plus de 40 ans ?

Le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin affirme que cela fait plus de 40 ans que France est dans le rouge.

Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des Comptes publics, le 13 mars 2019. (ERIC PIERMONT / AFP)

"Moi je suis né en 1982, on était déjà en déficit." Le déficit public est un mal qui ronge la France depuis longtemps, à écouter Gérald Darmanin, mardi 10 septembre sur Radio Classique. Le ministre de l'Action et des Comptes publics se sert même de la date de naissance d'Emmanuel Macron en 1977 pour parachever sa démonstration : "Je crois que [quand] le président de la République est né, un petit peu avant moi, le pays était déjà en déficit." Vrai ou faux ?

1975 : point de départ d'un déficit non-stop

Gérald Darmanin dit vrai. Que ce soit en 1982 ou en 1977, la France était bel et bien en déficit budgétaire puisque qu’elle se trouve dans le rouge sans interruption depuis 1975.

A la lecture des chiffres de l’INSEE, on s’aperçoit même que le budget a commencé à se dégrader dès 1967 et 1968, sous la présidence de Gaulle. Pendant les années Pompidou (1969-1974), le budget est à peu près équilibré. Le dernier excédent date de 1974. Ensuite en 1975, sous Giscard, c’est le début des déficits "non-stop". Cette année-là, la France paie les conséquences de la première crise pétrolière et c'est la fin des 30 glorieuses.

1993, 2009 : la France touche le fond

Le déficit public de la France a connu deux plongeons particulièrement vertigineux. Le premier en 1993 sous la présidence Mitterrand et le gouvernement Balladur. La France se retrouve à l’époque en récession pour la première fois depuis 1950. Le chômage frappe 10% de la population active. Les rentrées fiscales plongent alors que les dépenses sociales explosent. Résultat, le pays connaît son pire déficit budgétaire depuis la fin de la Seconde guerre mondiale (6,4% du PIB). Pour ne rien arranger, en 1993, les taux d'intérêt sont loin d’être négatifs comme aujourd'hui. Ils tournent autour 10%. Quand la France emprunte, ça fait mal.

Le deuxième plongeon sera encore plus spectaculaire. En 2009, sous la présidence Sarkozy, la crise des subprimes américaine s’est transformée en crise mondiale. La récession qui frappe la France est sévère. Le déficit public représente 7,2% du PIB soit 139 milliards d'euros.

2000, 2001 : courte éclaircie

Si la France n’est jamais parvenue à repasser dans le vert depuis 1975, elle a réussi à limiter son déficit de manière très nette en l’an 2000 (1,3% du PIB) et 2001 (1,4%) sous la présidence Chirac et le gouvernement Jospin. L’économie se portait bien et la France en profitait pleinement. A l'époque, on parle d’une "cagnotte fiscale", car les entrées d’impôts et de taxes sont massives. La classe politique et les partenaires sociaux se demandent alors quoi faire de cet argent. Le débat ne durera pas, car dès 2002, le déficit public remontera à 3,2% du PIB.

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