Charlie, les tueurs, les victimes
Les auditeurs ont salué ou critiqué le travail des journalistes. Bilan avec le médiateur :
France info a été en 1ère ligne ces derniers jours, c’est sa vocation. Editions spéciales, reporters sur le terrain….
Première critique : Informer en continu, ont dit les auditeurs, c’est parfois créer un climat de tension.
Quel ton adopter ? Un nombre conséquent de messages constate – et parfois nous reproche- d’avoir été dans l’émotion plus que dans la stricte information. De ne pas prendre de distance.
Informer en continu, c’est donner beaucoup de détails. Trop ? Cela ne nuit-il pas au travail de la police ? Faut-il s’en soucier ? Nous pouvons témoigner ici, comme le disait hier sur l’antenne le directeur de France Info, Laurent Guimier, que tout au long des événements, les rédactions de Radio France se sont posées la question de savoir ce qu’il convenait de rendre public. Et de choisir le moment opportun pour le faire.
Qui faire réagir sur les antennes ? A part celle du FN, écrivent les auditeurs, il aurait manqué, jusqu’à, au moins, dimanche, la parole de ceux qui ne disent pas : "Je suis Charlie". "Je ne suis pas Charlie, et je ne m’entends pas sur les ondes"
Nombre d’auditeurs abordent de manières radicalement différentes la question du blasphème.
Pour rappeler que ce que certains croyants appellent blasphème n’est plus un délit en France.
Plusieurs messages insistent sur le poids des mots.
Pourquoi dire "les djihadistes" et pas "les tueurs" ? Reprendre leur terminologie reviendrait à accréditer la pertinence de leur combat. Dire : "Juifs de France" relèverait du vocabulaire pétainiste comme en témoigne l’exposition sur la collaboration aux archives nationales, nous dit un auditeur.
D’autres auditeurs font remarquer que dire "Juifs français" exprimerait le fait qu’ils sont Juifs avant d’être Français. "Français de confession juive" oublierait que l’on peut être né Juif mais être athée. Que signifie "Communauté juive" ? Est-on condamné à une appartenance ? Autre exemple, à Beaucaire, face au FN, des jeunes gens protestaient. On a entendu sur nos antennes parler "de jeunes arabes". Qu’est-ce que ça veut dire ? N’étaient-ils pas d’abord des "jeunes Français" ? Fallait-il dire "des jeunes" sans les caractériser ? Des "jeunes de la 3ème génération de l’immigration maghrébine" ? Peut-on parler de "musulmans modérés" , comme on l’entend encore?
Il y a la question délicate de la hiérarchie des morts :
Ceux qui ont écoutés France Info en continu (et qui saluent pour la plupart nos efforts), pointent notamment le fait que dès que l’on a su que quatre dessinateurs historiques et célèbres figuraient au nombre des personnes assassinées, les autres victimes sont passées au second plan.
Les drames de la semaine écoulée ont occulté sur les antennes le reste de l’actualité.
Dès l’annonce d’une attaque contre Charlie Hebdo, les rédactions ont immédiatement braqué les projecteurs sur l’événement. N’y avait-il plus rien d’autre qui comptait? Les attaques de Boko-Haram au nord du Nigeria qui ont vu la destruction d’une vingtaine de villages totalement rasés, qui se sont soldées par des centaines de morts n’ont pas été traitées avant ce début de semaine. Charlie Hebdo a inventé une rubrique pour ça : les couvertures auxquelles vous avez échappé.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.