Pilotes de drones, les nouveaux chevaliers du ciel
La France a pris la décision d'en déployer
en Afghanistan en août 2008, juste après l'embuscade meurtrière dans la vallée
d'Uzbeen qui a coûté la vie à dix militaires français.
Il n'y a qu'un seul régiment de drones au sein de l'armée française : le
61e RA, basé à Chaumont (Haute-Marne). Il est commandé depuis dix mois par le
Colonel Gilles Randreau, un officier qui a effectué la plus grande partie de sa carrière dans les drones.
"Mon régiment dispose actuellement d'une vingtaine de drones dont
environ la moitié sont envoyés en Afghanistan. Ils servent à assurer la protection
de nos forces déployées en opération ainsi que des forces afghanes, la
protection des convois et à fournir du renseignement sur place", explique-t-il.
Les drones de l'Armée de terre sont de type
SDTI. Ce ne sont pas des drones de combat, ils ne sont pas armés. A la place,
ils ont une caméra embarquée, placée sous le fuselage, dont les images vont
être extrêmement précieuses pour les hommes déployés au sol. "Tous ceux qui mettent en œuvre le drone, les analystes, les
imagiers, le pilote, le chef de mission, travaillent dans un seul but : appuyer
les troupes au sol, fournir le renseignement au chef dont les hommes sont sur
le terrain, afin de lui permettre d'apprécier la situation au mieux pour
réussir sa manœuvre, préserver la sécurité de ses hommes et pour vaincre",
explique le capitaine Raphael Cartaud, adjoint au centre de formation.
Un travail d'équipe
On parle communément de "pilotes" de drones. Mais lors d'une mission, il n'y pas que le pilote à être concerné : trois autres personnes vont se trouver à ses côtés dans ce que l'on appelle une
station, un container placé sur un camion. Dans cet espace
exigû, outre le pilote, sont présents pour chaque vol, un chef de mission, un
analyste image et un opérateur charge utile qui gère la caméra placée sous le
drone.
Le succès d'une mission va dépendre du savoir-faire de tous, de la précision du
pilotage, du bon maniement de la caméra sur l'objectif défini et surtout de l'interprétation des images : quel type de véhicule a été survolé, son
armement éventuel, et surtout s'il appartient ou non à l'ennemi.
Tout cela s'apprend. Les militaires chargés
de manœuvrer la charge utile et d'interpréter les images reçoivent une
formation spécifique de 22 semaines au Centre de formation et d'interprétation
interarmées de l'imagerie (CF3I) de Creil (Oise). "On pilote la caméra,
on prend différentes vues en fonction des demandes et des besoins. C'est
vraiment quelque chose de poussé dans le domaine de l'imagerie, du
renseignement", relève le maréchal des logis Albanese, rencontré à
Chaumont, et qui est train de se spécialiser dans l'imagerie propre au drone
SDTI.
"Les drones ont permis de sauver des vies en Afghanistan, les vies de nos hommes en opération comme les vies de civils" (Colonel Gilles Randreau)
Le drone SDTI n'a pas besoin de piste pour
décoller : il est catapulté à partir d'une rampe de lancement (photos ci-dessous). Ses 80 litres d'essence vont lui
permettre de voler pendant près de cinq heures à 280 km/h, à une altitude maximale de 3.800 mètres et dans un rayon
d'action de 80 km. En fin de
mission, il revient sur terre à l'aide d'un parachute et d'un système d'airbags
pour protéger la structure de l'engin.
Une équipe est alors chargée de le réceptionner, de regarder s'il n'a pas subi
de dégâts, puis il sera reconditionné afin de pouvoir être à nouveau opérationnel.
Depuis octobre 2008, les drones de Chaumont
ont à leur actif près de 800 missions. "Il est clair que les drones ont
permis de sauver des vies en Afghanistan, les vies de nos hommes en opération
comme les vies de civils, puisqu'à plusieurs reprises le drone a permis, en
détectant la présence de personnes civiles, d'éviter des tirs d'artillerie, ou
l'engagement d'hélicoptères de combat dans le respect des règles d'engagement",
précise le colonel Gilles Randreau.
Chaumont se prépare à envoyer un prochain détachement à Tora en Afghanistan (carte ci-dessous). La
rotation est prévue en octobre pour une durée de six mois.
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