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Les apiculteurs en guerre contre le frelon asiatique

Il inquiète les apiculteurs, engendrant même parfois une certaine psychose : le frelon asiatique. Introduit en France en 2004, dans le Lot-et-Garonne par le biais de poteries chinoises importées par bateaux, ce chasseur d'abeilles s'est depuis propagé sur une grande partie du territoire. Il est désormais trop tard pour l'éradiquer.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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S'est-il trop bien acclimaté à la France ? Le
frelon asiatique ou frelon à pattes jaunes qui le caractérisent, se développe à
vitesse grand V : 100 km par an. En 7 ans, il a investi la moitié des
départements de la métropole, à l'ouest d'un axe allant de la Bretagne aux
Bouches du Rhône.

Les scientifiques estiment qu'il devrait envahir tout le
pays d'ici 5 ans et atteindre à long terme le reste de l'Europe, de la
Grande-Bretagne à la Turquie en passant par l'Italie et l'Espagne. 

 


Un prédateur d'abeilles

 

Ce frelon s'avère très vorace. Il s'est notamment illustré
près de Bordeaux en Gironde, l'un des départements où il est le mieux implanté,
dans le rucher de Raymond, le président du syndicat apicole du département :
"il attend les abeilles devant les ruches, en vol stationnaire, les attrape,
leur découpe la tête et les pattes et ramène le thorax plein de proteines au nid
pour nourrir ses larves
".

Les trente ruches de Serge ont également été attaquées. Cet
apiculteur amateur a dû les déplacer au milieu d'un champ, loin de la forêt,
terrain de prédilection de ce nouveau prédateur. Cette solution lui a permis de
sauver la plupart de ses abeilles. Certains de ses collègues ont eu moins de
chance. Tous sont des petits producteurs, les plus touchés, leurs ruches moins
nombreuses sont plus fragiles.

Ce nouveau prédateur venu d'Asie arrive à un moment délicat
pour les apiculteurs qui luttent déjà contre un parasite, le Varroa, et contre
les pesticides qu'ils accusent d'affaiblir leurs abeilles.


Des moyens de lutte dérisoires

 

Les apiculteurs essaient tant bien que mal de combattre ce nouveau
prédateur, souvent avec les moyens du bord. Raymond a imaginé une espèce
d'immense moustiquaire qu'il place au dessus de ses ruches. Elle laisse entrer
les abeilles mais bloque les frelons, plus gros (ils mesurent jusqu'à 3 cm de
long). Les éleveurs d'abeilles utilisent également des pièges de fortune comme
des bouteilles en plastique.

En Gironde, 26 apiculteurs bénévoles se sont organisés
pour détruire les nids souvent installés dans les arbres à plus de 20 mètres de
haut. Robert est l'un d'eux, il utilise une perche téléscopique avec laquelle il
perce les nids et y injecte du souffre. Gazés, les frelons meurent
presqu'instantanement. Avec cette méthode, les bénévoles ont détruit un peu plus
de 1000 nids cette année en Gironde. Mais ils ont le sentiment d'être bien
seuls pour lutter contre ce nouvel ennemi. "Les pouvoirs publics ne nous
aident pas,
regrette Christian, un autre apiculteur. On a le sentiment
d'être des laissés pour compte. On demande au moins que ce frelon soit classé
"espèce nuisible
". En vain. Le ministère de l'agriculture n'a pas répondu à
leur demande.

Les apiculteurs craignent que ce nouveau prédateur soit
fatal aux petits producteurs. Mais "*ce frelon n'entrainera pas la disparition des abeilles,

  • tempère Quentin Rome du Muséum National d'Histoire Naturelle. Il peut
    participer à leur affaiblissement mais n'en n'est pas la seule cause. Je pense
    d'ailleurs qu'il sera plus facile de lutter contre le frelon asiatique que
    contre les pesticides ou le varroa. Tant qu'il y aura des hommes pour s'en
    occuper, il y aura des abeilles
    ". Ce chercheur spécialisé dans les
    hyménoptères estime que les apiculteurs sont trop alarmistes.

 

Le frelon est-il dangereux pour l'homme ?

 

Le frelon asiatique n'est pas plus dangereux ni plus
agressif que les autres hyménoptères, indique le centre antipoison. Son venin est
sensiblement le même que celui d'une guêpe ou d'un frelon européen. Les
personnes allergiques restent toutefois plus vulnérables que les autres.

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