L'eau trop polluée des campagnes
A Morier l'eau n'est pas potable... "Ben,
j'suis pas malade et j'en bois tout le temps" , s'exclame Martine, une
habitante. Dans ce petit village de 217 habitants au sud de Chartres, les analyses de l'eau dépassent des seuils depuis des années. Soit des nitrates,
soit des pesticides : des substances chimiques classées comme
cancérogènes. La mairie déconseille donc
aux femmes enceintes et aux jeunes enfants de boire ce qui sort du robinet. Mais la législation va
plus loin. La mairie a l'obligation de délivrer une eau potable. Elle devrait
même acheter des bouteilles d'eau et les distribuer à ses habitants. "Mais
comme personne ne le réclame, on ne le fait pas" , explique le maire Alain
Roullée.
Une usine va doubler la facture
Pour régler le problème, le puits
qui alimente le village va fermer d'ici un an. L'eau viendra d'un autre puits, équipé
d'une usine de dénitrification et de traitement des pesticides. Un investissement important : 60 km de canalisations et 20 millions
d'euros financés par les 21 petites communes de la communauté. Le prix de
l'eau devrait doubler pour les habitants.
"Ce n'est pas normal que seuls les
contribuables et les consommateurs paient, alors qu'ils ne sont pas les
principaux pollueurs ", estime Gérard Leray, secrétaire général d'Eau
secours 28. L'association s'est créée il y a un an et elle estime que
40.000 habitants n'ont pas d'eau potable dans le département. Pour elle, les traitements et les engrais
agricoles sont les traitements et les engrais
agricoles.
L'agriculture en cause
L'industrie, le réseau ferré qui utilise
des pesticides pour désherber ses voies, les eaux usées des villes : il peut y
avoir plusieurs causes mais la majorité des communes concernées sont dans des
zones viticoles ou de grandes cultures, comme dans l'Eure-et-Loir. Selon Philippe
Ribault, de coordination rurale 28, les agriculteurs du département ne peuvent
pas faire plus d'efforts sans mettre en danger leur équilibre économique.
Les
associations de consommateurs (comme l'UFC) ou environnementales ne veulent pas
non plus faire le procès des agriculteurs, qu'elles estiment prisonniers d'un
système productiviste les poussant à utiliser des substances chimiques.
Mais elles attendent un verdissement de la politique agricole commune et davantage
de cohérence avec la politique de gestion de l'eau. La France dépenserait un
milliard d'euros pour raccorder ses villages à des puits de captage où l'eau
est potable.
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