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Egypte : en attendant le plébiscite de Sissi

L’Egypte s’apprête à choisir son nouveau président. Le scrutin se tient sur deux jours, lundi et mardi prochain. Il faut s’attendre à un plébiscite de l’ancien ministre de la Défense. Il aurait recueilli 95% des suffrages dans les votes des Égyptiens de l'étranger. Sa victoire ne fait aucun doute, même s’il a mené une drôle de campagne. Loin du terrain, et avec un programme quasi inexistant.
Article rédigé par Vanessa Descouraux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
  (Rassemblement de partisans du Maréchal El Sissi © EF/Vanessa Descoureaux)

Ses proches et ses partisans assurent que c’est pour raisons de sécurité. Les Frères musulmans, que l’Etat égyptien traque sans relâche depuis la destitution de leur président Mohamed Morsi, constitueraient toujours une menace. Lors de sa première interview télévisée en tant que candidat, le maréchal El Sissi a assuré qu’il avait échappé à deux tentatives d’attentat.  C’est pour cette raison qu’il n’a fait aucune sortie publique lors de cette campagne.  Il a donc mené une campagne à la télévision (avec des interviews d’une rare complaisance – les médias privés comme publiques sont à sa botte) et sur Internet. Il a été ultra présent sur les réseaux sociaux.

Cela dit, il n’a jamais eu besoin de faire campagne, d’aller à la rencontre de ses électeurs. Sa popularité est hors norme. Il est présenté comme le sauveur de l’Egypte, depuis le 3 juillet au soir lorsque son visage est apparu sur les télévisions pour annoncer la destitution de Mohamed Morsi. Depuis il est considéré comme un demi-dieu. Ses portraits sont partout dans les rues du Caire, sur les périphériques, la corniche le long du Nil. Les commerçants vendent des tee-shirts à sa gloire, parfois en le comparant à un lion.

Abdel Fattah El Sissi est populaire car il appartient à l’institution la plus respectée du pays, l’armée.  Mais c’est aussi parce que la rue aime le comparer à Gamal Abdel Nasser. L’apôtre du panarabisme, des Non-Alignés.

Quel programme ?

Le maréchal Sissi a présenté son programme dans les grandes lignes. La priorité est le retour de la sécurité. Pour cela, il s’engage à éradiquer les Frères musulmans, organisation classée terroriste depuis décembre dernier. Il a aussi longuement évoqué la problématique économique et sociale, mais sans apporter de réponses concrètes pour lutter contre la pauvreté, endémique en Egypte. Ici un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté (2 dollars par jour). Selon le maréchal Sissi, il faut contrôler les prix (l’inflation est de 12%). Pour cela, il compte sur l’armée, dont le rôle pourrait être renforcé dans l’économie du pays.

La lutte contre la pauvreté est une nécessité pour éviter une explosion sociale. Mais elle est aussi un moyen de contrer l’influence des Frères musulmans, qui ont acquis leur crédibilité passée grâce à leurs actions sociales. Aujourd’hui ce terrain est vide, l’État tente de le récupérer.

 

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