Si la scène se retrouvait dans un film, on penserait que les scénaristes en font vraiment beaucoup. Et pourtant, il ne s’agit pas d’unefiction. Des patrons du CAC 40 y ont perdu quelques plumes. L’Elysée a faillitomber dans le panneau. Il faut dire que les escrocs sont très habiles. Le scénario est culotté, la mécanique très bien huilée.L'escroc commence par cibler sa future victime, généralement une entreprisedu CAC 40. Il appelle le service comptable de la société et là avec unaplomb incroyable, il se fait passer pour le PDG de l'entreprise. Au téléphone,il prétexte une opération financière exceptionnelle qui doit se fairerapidement dans la plus grande discrétion. Le comptable est sommé de virer surun compte une grosse somme, généralement près d'un million d'euros.C'est gros, mais ça marche, car l’aigrefin a beaucoup travaillé enamont. Le "faux président" a réussi par exemple à se procurerla signature du vrai PDG, ce qui fait que lorsqu'il envoie par fax un ordre devirement à l'entreprise, la demande paraît authentique.Ces escrocs sont en fait de terribles manipulateurs qui parviennent àmettre leur victime dans un état de grande fragilité. Pour s’en convaincre, ilsuffit d’entendre les écoutes téléphoniques qui ont été réalisées à la demandede Françoise Baïssus, la magistrate du parquet de Paris qui dirige l’enquête.La police judiciaire travaille sans relâche depuis près d'un an pouridentifier ces escrocs qui opèrent, pour la plupart, de l'étranger. Mais il estdifficile de les localiser. Lorsqu'ils téléphonent à leurs victimes, ces fauxPDG passent par des plateformes permettant de dématérialiser leurs appels. Quantà l'argent, il se volatilise très rapidement sur des comptes à l'étranger.En moins d'un an, la supercherie a permis aux escrocs de gagner près de 20millions d'euros. Des plaintes ont été déposées par quelque 150 entreprises.