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Grèves d’hôtesses de l’air et de stewards dans les compagnies aérienne low cost : comment en est-on arrivé là ?

Les compagnies aériennes à bas coûts connaissent partout en Europe des mouvements de grève d’hôtesses et de stewards qui dénoncent leurs conditions de travail, dans un secteur peu habitué à la contestation.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 95 min
Un avion Ryanair sur le tarmac de l'aéroport de Vienne-Schwechat, le 22 mai 2020. (HELMUT FOHRINGER / APA)

Les bases françaises de la compagnie irlandaise Ryanair rejoignent aujourd'hui un mouvement de grève européen qui a commencé vendredi 24 juin en Belgique, en Espagne, au Portugal et en Italie. Et en France, avec les aéroports de Marseille, Bordeaux, Toulouse et Beauvais, soit environ 300 salariés. Les syndicats qui appellent au mouvement estiment que 60% du programme des vols en France sera touché, ce qui correspond aux perturbations relevées vendredi par l'aéroport de Charleroi, en Belgique. A partir de la semaine prochaine, ce seront les personnels d'Easyjet qui seront en grève. Soit pas moins de neuf journées en juillet.

Des coûts bas, du billet au prix de l’avion, en passant par les salaires

Avec, en creux, un début de révolte contre les salaires et les conditions de travail parfois brutales mises en place par ces compagnies. Car proposer des billets d'avion à quelques dizaines d'euros nécessite pour les compagnies de comprimer impitoyablement leurs coûts de production. D'abord sur les avions, qui ne doivent pas coûter trop cher. Ryanair est ainsi connue pour négocier pied à pied avec les constructeurs aériens. Ensuite les aéroports : les compagnies low cost ne daignent poser les roues sur une piste que si l'aéroport a consenti à des rabais de taxes d'atterrissage importants, en échange d'un surcroit d'activité.

Enfin, et c'est la cause de la révolte : pour être rentable, les compagnies low cost doivent réduire au minimum les frais de personnels. Cela passe d'abord par les salaires : 950 euros par mois par exemple pour les navigants d'Easyjet en Espagne. En France, les hôtesses et stewards sont au smic, mais ils doivent payer de leurs poches certains frais professionnels : acheter leurs uniformes et les entretenir, passer des visites médicales obligatoires. Les compagnies low cost n'hésitent pas à louvoyer avec les législations nationales. Ainsi, les syndicats français soulignent que les contrats de travail de Ryanair stipulent que les heures supplémentaires ne sont pas payées.

Mais avec la reprise très rapide du trafic aérien, les compagnies, dont certaines ont profité de la pandémie du Covid-19 pour réduire leur personnel, ont de nouveau des besoins pour assurer le programme de vols de cet été. Les syndicats estiment que, pour une fois, ils sont en position de force pour négocier.

"Des syndicats de Mickey", répond Ryanair

"No problem ", répond la plus grosse des compagnies aériennes low cost, Ryanair, qui souligne que la grève ne perturbe que 2% de ses vols en Europe. Mais elle mélange les pays où il y a un appel à la grève et ceux où il n'y en a pas, ou pas encore. Son PDG, Michael O'Leary ne veut pas y voir une contagion de mouvements sociaux. Des "syndicats de Mickey", dit-il, "minoritaires". Il est vrai que le taux de syndiqués est faible dans ces compagnies. Les directions et les hiérarchies mettent la pression : les jours de grèves sont comptés en absences non autorisées. Et certains salariés qui tentent de créer des sections syndicales sont licenciés.

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